La guerre fait rage dans Bagdad

De rudes combats, impliquant les chars et l'aviation américaine, se sont déroulés mardi au coeur de Bagdad, notamment autour du palais de la République, véritable forteresse sur la rive ouest du Tigre et symbole du pouvoir de Saddam Hussein. Ces combats ont commencé vers 5 heures locales (3 heures du matin en France), et étaient encore très intenses quelques heures plus tard. Le site a également été bombardé par un avion A10 "tueur de chars", tirant à très basse altitude sur le secteur. Les combats se sont concentrés autour de l'accès nord du complexe présidentiel, proche du ministère du Plan, et se sont étendus ensuite hors de l'enceinte du palais. Des déflagrations en provenance de cette zone et des nuages de fumée témoignaient de la violence des échanges. Autre action militaire: deux chars Abrams ont pris position à l'entrée du pont de la République et ont tiré sur un immeuble qui abrite un centre de télécommunications qui avait déjà été visé à plusieurs reprises par des bombardements de la coalition américano-britannique. La télévision d'Etat irakienne a interrompu ses programmes. En outre, deux hélicoptères Apache ont survolé le sud-est de la ville et ont tiré sur des cibles non-identifiées dans ce secteur. De violents affrontements se sont également déroulés dans le secteur de l'hôtel Al-Rachid en centre-ville. Mais, si de petites unités des forces irakiennes mènent des attaques sporadiques contre les forces américaines dans Bagdad, il n'y a pas de défense cohérente de la ville, d'après le chef d'état-major américain Richard Myers.Les rues de la capitale irakienne, privée d'électricité et d'eau, qui avaient connu un peu d'animation en début de matinée se sont complètement vidées. Selon les journalistes de l'AFP présents sur place, des centaines de familles à bord de voitures ont entrepris de fuir Bagdad, notamment en direction de l'est du pays. En voitures, en pick-ups, en minibus ou en camions, elles se dirigent vers le quartier nord d'Ach-Chaab, pour gagner l'autoroute qui bifurque vers l'est en direction de Diala, à une centaine de kilomètres de Bagdad. Les véhicules chargés de matelas, d'ustensiles de cuisine, de lits et de nourriture créent d'importants embouteillages. Par ailleurs, le bilan des victimes s'alourdit dans les rangs de la presse. Mardi, un journaliste de la télévision qatariote al-Jazira est mort après le bombardement du bureau de la chaîne à Bagdad. D'autre part, un cameraman travaillant pour Reuters, ainsi qu'un de ses confrères d'une télévision privée espagnole, sont morts à l'hôtel Palestine - où sont installés la plupart des médias étrangers - atteint par l'obus d'un char américain. Trois autres journalistes ont été blessés dans ces tirs. La veille, deux reporters, espagnol et allemand, avaient succombé après dans une attaque irakienne à la roquette près de Bagdad. Au total, 11 journalistes ont péri depuis le début du conflit en Irak. Incertitude sur le sort de Saddam HusseinAucune nouvelle n'est disponible sur le sort de Saddam Hussein. Dans la journée de lundi, les forces américaines ont largué quatre bombes de précision sur une cible dans le quartier d'Al-Mansour, au centre de Bagdad, où se trouvaient de hauts dirigeants irakiens. Parmi ceux-ci "se trouvaient peut-être Saddam et ses deux fils", a déclaré un responsable américain à Washington sous couvert d'anonymat. Pour le Washington Times, ces frappes visaient le restaurant Sa'a dans le quartier résidentiel Al-Mansour, où Saddam Hussein et des dirigeants du parti Baas étaient réunis avec une trentaine de responsables des services d'espionnage irakiens, "derrière ou en-dessous du restaurant". C'est dans ce quartier que Saddam Hussein avait fait une apparition publique vendredi, et selon le quotidien, ces images ont aidé à localiser le président irakien. Les responsables irakiens pourraient avoir choisi ce lieu en estimant que les Américains ne cibleraient pas un quartier aussi commerçant, de peur de faire des victimes civiles, avance encore le journal. "Si (Saddam) se trouvait là, il est certainement mort", a confié un responsable américain au Los Angeles Times, ajoutant que c'était la première fois depuis le début de la guerre que les services de renseignement recevaient une "information assez précise" sur son lieu de résidence. Sommet Bush-BlairSi les combats font encore rage en Irak, l'après-Saddam a dominé les entretiens entre le président américain et le Premier ministre britannique, réunis en Irlande du nord. "Les Nations unies ont un rôle vital à jouer dans la reconstruction de l'Irak", ont souligné les deux responsables dans une déclaration commune. George Bush a ensuite précisé que ce rôle est notamment "celui d'aider les gens à vivre librement et d'apporter de la nourriture et des médicaments". L'Onu sera "impliquée, aux côtés de la coalition, dans la mise en place de l'autorité intérimaire", a ajouté George Bush, soulignant qu'il n'imposerait pas un dirigeant à l'Irak. Le président américain a assuré que l'Irak "se dirigera aussi vite que possible" vers la création d'une autorité intérimaire dont les Irakiens seront responsables. Soucieux d'empêcher la main-mise de Washington sur l'administration du pays, les pays du Golfe ont de leur côté pressé l'Onu d'agir "rapidement" pour aider les Irakiens à se gouverner eux-mêmes sitôt la guerre finie, à l'issue d'une réunion extraordinaire des ministres des Affaires étrangères du Conseil de coopération du Golfe (CCG).
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