Spirale infernale du chômage en Allemagne

Rien de nouveau sur le front du chômage en Allemagne: le marché de l'emploi ne cesse de se dégrader. En avril, le nombre de chômeurs a encore progressé: + 44.000 en données corrigées des variations saisonnières, après +52.000 en mars. Conséquence, le taux de chômage CVS est passé à 10,7%, contre 10,6% le mois précédent. En données brutes, chiffres qui alimentent le débat politique outre-Rhin, le nombre de chômeurs a régressé fortement, -112.700, pour repasser sous la barre des 4,5 millions de demandeurs d'emplois. Mais cette baisse ne traduit pas un véritable mieux sur le marché du travail, au contraire. Le nombre de chômeurs en données brutes se situe en fait à son niveau le plus élevé pour un mois d'avril depuis la réunification du pays en 1990. Pour Guilhem Savry, spécialiste de la zone euro chez CDC-Ixis, le taux de chômage CVS "ne va pas se stabiliser avant la fin de l'année en raison du nécessaire ajustement des entreprises, lequel est accru par l'appréciation de l'euro". A 1,14 dollar, la monnaie européenne pénalise la compétitivité des groupes allemands à l'international. Handicapées par une demande interne faible, voire inexistante, les entreprises allemandes se voient donc contraintes de trancher dans les effectifs pour rétablir leur rentabilité. Cette nouvelle dégradation de l'emploi devrait donner des arguments supplémentaires au gouvernement de Gerhard Schröder pour tenter de convaincre de la nécessité d'engager de vastes réformes économiques et sociales dans le pays. Le chancelier allemand projette des coupes dans le système de prestations sociales, ainsi qu'un assouplissement du droit du licenciement. Mais il doit faire face à une opposition grandissante de la part des syndicats, ses traditionnels soutiens. La hausse du chômage au sein de la première économie de la zone euro, et ses conséquences sur la consommation et la croissance, devraient aussi accroître la pression sur la Banque centrale européenne en vue d'un assouplissement de la politique monétaire. Les gardiens de l'euro se réunissent demain et pour le moment les milieux économiques anticipent un statu quo, la BCE restant préoccupée par le niveau des prix. Cependant l'appréciation continue de l'euro limite l'inflation importée, ce qui devrait lui ouvrir des marges de manoeuvres. Par ailleurs, l'essoufflement patent de la conjoncture en Allemagne nécessite un geste. D'après Guilhem Savry, il pourrait intervenir en juin, avec une réduction du loyer de l'argent de 25 points de base.
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