La BCE reste le doigt sur la détente

Conformément aux attentes des marchés, la Banque centrale européenne (BCE) a choisi de se laisser du temps. Après avoir abaissé le loyer de l'argent le 6 mars dernier, l'institut francfortois a choisi cette fois le statu quo, laissant son principal taux directeur inchangé à 2,50%. Lors d'une conférence de presse, le président de la BCE a justifié cet immobilisme par la situation internationale: "il n'est pas possible à ce stade d'évaluer quels seront les effets (de la guerre, ndlr) sur l'économie globale, sur la situation économique et les perspectives de stabilité des prix en zone euro", a notamment souligné Wim Duisenberg. Plusieurs scénarios sont envisageables mais ils dépendent de la durée des hostilités et personne ne la connait, a-t-il ajouté. Une fois ce constat dressé, Wim Duisenberg a néanmoins largement ouvert la porte à une prochaine détente, y compris hors des traditionnelles réunions du conseil des gouverneurs, puisqu'il a précisé que la BCE pouvait "modifier ses taux à tout moment si nécessaire". Un assagissement des prix aiderait grandement les banquiers centraux à prendre une telle décision. De ce point de vue, le patron de la BCE s'est montré rassurant. L'inflation, qui s'est établie à 2,4% en février dans la zone euro, devrait refluer sous le seuil maximal toléré de 2% en 2003, "si la baisse des prix du pétrole se confirme". Hors prix des produits les plus volatils (énergie et alimentation), l'inflation est déjà revenue à 1,9%. Des propos qui confirment que la BCE est prête à donner la priorité à la croissance dans les semaines et les mois à venir. La majorité des économistes anticipent un assouplissement monétaire avant la fin du premier semestre, et la plupart d'entre eux misent sur le mois prochain. Mais pour certains, la BCE a manqué aujourd'hui une occasion d'agir. Hier, le chef économiste de l'OCDE Jean-Philippe Cotis avait appelé la BCE à assouplir nettement sa politique monétaire, jugeant qu'elle disposait d'une large marge de manoeuvre. Le Financial Times a également prié ce matin les banquiers centraux européens d'agir de façon "décisive" et "audacieuse", en réduisant dès aujourd'hui le principal taux directeur d'au moins un point de pourcentage...Selon les tenants d'une baisse immédiate du loyer de l'argent, la situation économique de la zone euro justifiait cet assouplissement de la politique monétaire. Augmentation des faillites, hausse du chômage, moral en berne des agents économiques... tous les indicateurs passent progressivement au rouge. Cette année, la croissance de la zone euro devrait osciller autour de 1%, loin de son potentiel estimé généralement à 2,5%, et même si Wim Duisenberg et la BCE tablent toujours sur une légère reprise à la fin de 2003, un coup de pouce des autorités monétaires aurait été le bienvenu, d'autant qu'au niveau des gouvernements des deux plus importantes économies de la zone (Allemagne et France) les marges de manoeuvres sont très limitées.Duisenberg toujours prêt à jouer les prolongations. Le président de la Banque centrale européenne (BCE) a réaffirmé être disposé à rester, si nécessaire, plus longtemps que prévu en poste pour permettre une succession "sans heurt" à la tête de l'institution. Selon des sources européennes, la présidence grecque de l'Union européenne va demander au Néerlandais, lors d'une réunion des ministres des Finances des Quinze ce week-end à Athènes, de rester au maximum six mois de plus à son poste. Initialement, Wim Duisenberg devait partir le 9 juillet, jour de ses 68 ans. Cette prolongation vise à accorder un délai supplémentaire à Jean-Claude Trichet, favori pour lui succéder mais toujours dans l'attente du jugement le concernant dans l'affaire du Crédit Lyonnais. Le gouverneur de la Banque de France sera fixé le 18 juin sur son sort mais il peut faire appel du verdict s'il ne lui est pas favorable.
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