Croissance en baisse et déficits publics en hausse dans la zone euro, selon Bruxelles

On ne pourra pas accuser la Commission européenne de pécher par optimisme. Les prévisions qu'elle publie aujourd'hui pour la zone euro sont en effet plutôt sombres. La Commission ne table plus que sur 1% de croissance en 2003 contre 1,8% prévu à l'automne dernier, et sur 2,3% en 2004. Ce pronostic est basé sur le scénario d'un "apaisement des tensions géopolitiques" liées à la guerre en Irak, d'un "rétablissement de la confiance" et d' "une diminution des prix pétroliers", souligne la Commission. Autant dire que la situation serait pire si la guerre en Irak durait plus longtemps que prévu... Dans ce cas, il faudrait attendre 2004 "pour assister à une relance éventuelle". Dans l'hypothèse d'une guerre courte, la croissance devrait amorcer une reprise modérée au deuxième semestre de cette année, après une fin d'année 2002 "sombre" et un premier semestre 2003 "morose", juge la Commission.Selon les prévisions de cette dernière, l'Allemagne, première économie de la région, est actuellement au bord de la stagnation, avec une croissance envisagée à 0,4% seulement cette année. Elle devrait cependant rebondir à 2% l'an prochain. La France devrait voir elle aussi sa croissance ralentir à 1,1% cette année, avant d'accélérer à 2,3% en 2004. Pour l'ensemble des quinze pays membres de l'Union, Bruxelles a également revu en baisse sa prévision de croissance à 1,3% cette année, contre 2% prévu en automne. Elle table sur un rebond à 2,4% l'an prochain. La Commission européenne prévoit d'autre part un taux de chômage de 8,8% de la population active dans la zone euro en 2003 et 2004, contre 8,3% en 2002 et 8% en 2001. Dérive des déficitsMais c'est surtout l'ampleur des déficits publics en Europe qui préoccupe la Commission. En 2003, les déficits publics de la France, de l'Allemagne et du Portugal seront largement supérieurs au seuil de 3% du Produit intérieur brut (PIB) inscrit dans le Pacte de stabilité et de croissance. La France devrait enregistrer le dérapage le plus important, à 3,7% du PIB. L'Allemagne, qui espérait redescendre sous la limite autorisée dès cette année, devrait en fait atteindre un déficit de 3,4%. Quant au Portugal, qui avait fortement redressé la barre l'année dernière (2,7% de déficit après 4,2% en 2001), il devrait replonger cette année, avec un déficit estimé à 3,5% du PIB. En 2004, et à politique inchangée, l'Italie rejoindrait le groupe des pays ayant un déficit excessif, son déficit bondissant à 3,1% du PIB contre 2,3% cette année. En revanche, l'Allemagne repasserait à 2,9%, juste en dessous du seuil fatidique. Quant à la France, elle devrait se maintenir au rang de bon dernier de la classe, avec un déficit de 3,5%.Pour l'ensemble des 12 pays de la zone euro, la Commission européenne table sur un déficit public de 2,5% du PIB en 2003 et 2,4% en 2004. Et pour ne rien arranger, un autre critère du Pacte de stabilité, celui de la dette publique qui ne doit pas dépasser les 60% du PIB, va être allègrement enfreint. La moitié des pays de la zone euro vont en effet dépasser ce seuil dès cette année, estime la Commission: la Belgique, l'Allemagne, la Grèce, l'Italie et l'Autriche qui étaient déjà en infraction en 2002, vont être rejointes cette année par la France. Et en 2004, le Portugal s'ajoutera à la liste... Bruxelles encourage les réformes structurellesAu vu de ces chiffres, il n'est guère surprenant que la Commission recommande fortement aux Etats membres de faire le maximum pour soutenir la relance de l'activité économique sans pour autant se lancer dans une politique de dépenses publiques à tout crin. C'est un subtil dosage que la Commission européenne propose dans ses "Grandes orientations de politique économique" (GOPE) pour la période 2003-2005, rendues publiques aujourd'hui.Pour le court et le moyen terme, la Commission conseille aux gouvernements un "policy mix". Ce mélange comprend à la fois des mesures soutenant la relance de l'activité et des réformes structurelles, comme celle, jugée urgente, du marché du travail. Si le PNB par tête est moins élevé en Europe qu'aux Etats-Unis, c'est qu'une faible partie de la population est employée et ceux qui ont un emploi "tendent à travailler moins d'heures". Les Quinze sont donc incités à flexibiliser leur marché de l'emploi, et à réduire la fiscalité sur le travail. Et la Commission leur recommande également d'accentuer le lien entre salaire et productivité.Si l'accent est mis sur la réduction de l'endettement public, la Commission insiste encore plus sur le renforcement de la coordination des politiques macroéconomiques des Quinze. Pour renforcer le potentiel de croissance de leurs économies, les Quinze doivent veiller à assurer une "compatibilité de leurs objectifs" et une plus grande complémentarité de leurs politiques.
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