L'attractivité de la zone euro en question après le "non" suédois

Par latribune.fr  |   |  840  mots
Après le "non" des Suédois à l'euro hier par 56,1% contre 41,8% (lire ci-contre), les réactions ne manquent pas, à l'étranger comme dans le royaume nordique. Ainsi, le Premier ministre suédois Göran Persson a confirmé qu'il ne démissionnera pas. Il a cependant analysé cette défaite comme le signe d'un "profond scepticisme" du pays vis-à-vis de "tout le projet de l'UEM". Le ministre de l'Economie Bosse Ringholm a assuré que "la Suède continuera à être un membre actif de l'Union européenne". En revanche, si les partisans du "non" se veulent plutôt discrets, la presse considère que ce résultat est "un direct du droit à la figure de toute l'élite politique et économique", selon l'éditorial de Dagens Nyheter. "C'est une vraie claque contre l'establishment et contre Göran Persson", renchérit le Svenska Dagbladet. Et chacun de s'interroger sur l'avenir du Premier ministre, désormais bien affaibli par ce vote de défiance...Dans la zone euro, nombreux sont ceux, comme Gerhard Schröder, qui déplorent ce vote négatif. Le chancelier allemand a néanmoins indiqué que "la porte [de l'UEM] n'était pas fermée". Le président de la Commission Romano Prodi a réagi plus vivement, considérant que l'influence de la Suède au sein de l'Union européenne pâtirait de ce refus. En revanche, le gouvernement finlandais a souligné que ce refus des Suédois d'entrer dans la zone euro est "un avertissement pour l'union monétaire, spécialement pour les pays qui n'ont pas pris en main sa stabilité". Helsinki met donc indirectement en cause les grands pays de la zone qui ont laissé filer leurs déficits comme la France ou l'Allemagne. Dans les pays européens qui n'ont pas encore adhéré à l'union économique et monétaire, les eurosceptiques se réjouissent déjà. Au Danemark, le porte-parole de l'Unité, un parti d'extrême-gauche opposé à l'euro, a "félicité le peuple suédois". Selon lui, "cette décision renvoie aux calendes grecques la tentative des partisans danois de l'euro de forcer la population à un nouveau référendum-revanche". Le Danemark a rejeté l'adhésion à l'UEM en septembre 2000. Depuis, les sondages montrent qu'une majorité est de nouveau favorable à l'euro, ce qui pourrait amener le gouvernement à lancer un nouveau vote. Le Premier ministre Anders Fogh Rasmussen n'a d'ailleurs pas abandonné le projet. Il a indiqué à la télévision que le "non" suédois "n'aura pas d'influence" dans son choix d'organiser ou non une nouvelle consultation.Au Royaume-Uni, les eurosceptiques ont également salué le vote suédois. Pour Michael Arcan, responsable des Affaires étrangères au sein du parti conservateur, la "campagne pour l'euro de Tony Blair est sérieusement écornée". Le directeur de la "campagne du non", George Eustice a, pour sa part, indiqué que le vote suédois montre "la grande difficulté que le gouvernement rencontrera pour gagner un vote sur l'euro au Royaume-Uni". Mais le Foreign Office met en lumière les différences entre les deux pays et considère que la décision suédoise "n'a pas d'effet sur la position britannique".Que va-t-il advenir maintenant ? Vraisemblablement rien sur le plan économique. Comme prévu, la couronne a reculé lundi matin aux alentours de 9,20 couronnes pour un euro, contre 9,11 vendredi. Il est vrai qu'en cas de "oui", la couronne aurait vraisemblablement été fixée aux alentours de 8,80 couronnes pour un euro. L'impact du vote sur le marché des changes devrait cependant être limité. Vers 17h30 lundi, la monnaie suédoise était ainsi remontée à 9,16 couronnes pour un euro. Car, comme l'a souligné le directeur de la banque centrale, la Riksbank, "l'économie suédoise est la même que vendredi, il n'y a pas de changements dramatiques". Or, les fondamentaux suédois sont meilleurs que ceux de la zone euro et certains prédisent déjà un relèvement des taux de la Riksbank. Du coup, la couronne pourrait rapidement repartir à la hausse. Même sur le plan boursier, le vote n'a pas eu d'influence déterminante. En fin de journée, l'indice OMX de la Bourse de Stockholm était quasi-stable à -0,01%.Consolation pour l'UE en Estonie. Le "oui" à l'Europe l'a emporté largement en Estonie. Dans le plus petit des pays baltes, 67% des électeurs ont approuvé l'entrée de leur pays dans l'Union européenne. Le vote a été marquée par une participation de 63%, supérieure à celle des dernières législatives (58%). Le Premier ministre Arnold Ruutel a salué un "des choix les plus significatifs de l'histoire des Estoniens et qui constitue une garantie d'indépendance et de sécurité nationale". L'Estonie était un des pays les plus sceptiques vis-à-vis de l'UE. La minorité russe (un tiers des 1,6 million d'habitants) s'en inquiétait et certains économistes mettaient en garde contre les conséquences de cette adhésion sur la compétitivité du pays. La Lettonie est le derniers des dix pays candidats à voter sur son entrée dans l'UE. Le vote aura lieu le 20 septembre.