Reddition de Mossoul

Les villes pétrolières de Mossoul et de Kirkouk, dans le nord de l'Irak, "sont tombées et les forces spéciales américaines y sont entrées", a annoncé vendredi une porte-parole à la base du Commandement central américain au Qatar. Des membres du 5ème corps d'armée irakien dans et autour de Mossoul se sont rendus, a-t-elle précisé, estimant que ces soldats "avaient pris la très sage décision de vivre pour un Irak libre plutôt que de mourir pour le régime de Saddam Hussein". Les peshmergas (combattants kurdes), qui avaient été signalés au centre de Mossoul vendredi matin, avaient disparu en début d'après-midi, et la ville était le théâtre de scènes de pillages. Des troupes américaines sont en route pour investir les deux villes, afin qu'elles ne demeurent pas sous le contrôle des forces kurdes. L'entrée de celles-ci dans les deux grandes villes du nord du pays ne peut en effet qu'aviver les inquiétudes de la Turquie. Plusieurs dizaines de milliers de soldats turcs sont postés, l'arme au pied, sur les 350 kilomètres de frontière entre la Turquie et l'Irak, soulignant l'importance cruciale qu'Ankara attache à ce qui se passe dans la région. Réagissant hier à la chute de Kirkouk, le chef de la diplomatie turque, Abdullah Gul, a prévenu: Ankara n'autorisera pas les réfugiés kurdes à changer la composition démographique des deux villes, sur lesquelles la Turquie estime avoir un droit de regard historique. Ankara veut à tout prix éviter que le Kurdistan irakien, région de 42.000 kilomètres carrés comprenant près de 4 millions d'habitants, proclame son indépendance après avoir pris le contrôle des champs pétrolifères, qui représentent un tiers de la production du pays. Ce serait un scénario cauchemar qui réveillerait les velléités séparatistes des 15 millions de Kurdes vivant en Turquie.Bagdad livré aux pillardsA Bagdad, les scènes de pillage se multiplient, sans que les troupes américaines interviennent. Des commerçants en arrivent à organiser leur auto-défense. Armés de fusils d'assaut, de pistolets et de barres de fer, certains ont tiré vendredi sur des groupes de maraudeurs qui s'approchaient de leurs boutiques. 25 personnes ont été admises dans un hôpital de Bagdad pour des blessures par balles dans des affrontements avec des pillards. De nombreuses scènes témoignent de l'anarchie qui règne dans la ville. Un photographe de l'AFP a vu une vingtaine de cadavres irakiens jonchant des trottoirs ou coincés dans des voitures calcinées dans le sud de la capitale. Près d'une mosquée dans le nord de Bagdad, cinq civils ont été tués et six blessés dans des combats, selon des témoins. Un officier américain avait annoncé plus tôt qu'un Marine avait été tué et 20 autres blessés dans des affrontements. Et une trentaine de missiles munis de leurs moteurs et de leurs ogives ont été vus, abandonnés sur leurs remorques au milieu d'un terrain vague à proximité d'un centre commercial dans le nord de la capitale.A Najaf, dans le sud du pays, Abdel Majid al-Khoï, un chef chiite modéré mais contesté au sein de sa communauté, a été assassiné à son retour d'exil en Grande-Bretagne. Les Etats-Unis ont "condamné fermement" cet assassinat qualifié par le ministre britannique des Affaires étrangères Jack Straw "d'effroyable tragédie". Le sort du président irakien Saddam Hussein demeure, quant à lui, entouré du plus grand mystère. "Nous ne savons pas s'il est mort ou vivant, mais il est clair qu'il ne contrôle plus" le pays, a déclaré Colin Powell, secrétaire d'Etat américain, à la chaîne d'information Metro TV. "Cela n'est vraiment plus important à présent. Le régime a été renversé, et le peuple irakien a maintenant devant lui un avenir meilleur", a-t-il affirmé.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.