Croissance décevante aux Etats-Unis

Décidément, heureusement que la guerre en Irak est finie! Les deux statistiques américaines publiées cet après-midi témoignent de l'impact de ce conflit sur l'activité économique de ces derniers mois et, simultanément, de l'amélioration des perspectives qui résulte de sa fin.En effet, la progression de l'activité au premier trimestre de l'année, période marquée par l'attente du début de la guerre, s'est révélée très décevante. Le produit intérieur brut (PIB) des Etats-Unis n'a progressé que de 1,6% en rythme annuel, selon les chiffres provisoires publiés vendredi par le département du Commerce. Ce chiffre fait suite à une hausse de 1,4% au quatrième trimestre 2002.La plupart des analystes anticipaient des statistiques nettement meilleures. Le consensus Reuters misait sur une croissance de 2,3% tandis que CDC Ixis tablait sur une hausse de 2,5%, se fondant sur la légère remontée des ventes au détail en début de trimestre et sur de fortes ventes de logiciels et de systèmes informatiques en fin de période. "La guerre aura de plus gonflé de 3,5% les dépenses du gouvernement", estimait l'établissement financier.Or, en pleine période de préparation à la guerre d'Irak, qui a débuté le 20 mars, les dépenses de matériel militaire ont diminué de 1,5%. Cela s'explique par le fait que, selon le département du Commerce, les armes utilisées lors de ce conflit ont été comptabilisées lors de leur production et de leur livraison, et non lors de leur utilisation.Si la guerre en Irak a pesé lourdement sur ce trimestre, c'est plutôt en ce qui concerne les dépenses des ménages. Affectées par la perspective de la guerre, elles n'ont augmenté que de 1,4% sur un an, soit leur progression la plus faible depuis le deuxième trimestre 2001, où elles avaient atteint le même pourcentage. Malgré cet essoufflement, les consommateurs continuent à soutenir la croissance, puisque leurs dépenses en restent le premier contributeur, apportant 0,97 point de PIB.Quant aux investissements des entreprises, ils ont manifesté une faiblesse surprenante, avec une contraction de 4,2% (4,4% pour le matériel et les logiciels), contre une hausse de 2,3% au trimestre précédent. Ils étaient pourtant attendus en hausse, après la progression des commandes de biens durables annoncée hier (+2% en mars), généralement considérée comme un signe annonciateur de la reprise des investissements (lire ci-contre).Les investissements résidentiels ont en revanche affiché une bonne santé, progressant de 12% après une hausse de 9,4% le trimestre précédent.En tout cas, la progression du PIB "est un chiffre médiocre, décevant et inférieur aux prévisions", estime Alan Ackerman, un économiste cité par Reuters. "L'économie a émis dernièrement des signaux contradictoires, et cette statistique va quelque peu dégonfler l'optimisme qu'on a pu observer. Une reprise de l'économie est indispensable pour que le marché boursier reparte durablement et ce chiffre de la croissance laisse vraiment à désirer".En toute logique, la fin de la guerre en Irak devrait contribuer à lever des incertitudes et à alléger le climat général. Caol Stone, autre économiste interrogé par Reuters, estime ainsi que "le deuxième trimestre devrait permettre un rebond pour beaucoup de postes, la défense par exemple. La météo et la guerre ont pesé sur plusieurs de ces postes. Ces facteurs s'atténuant, certaines parties de l'économie peuvent faire mieux".De fait, c'est aussi ce que laisse espérer l'indice définitif de confiance des consommateurs établi par l'Université du Michigan, publié vendredi après-midi. Il s'est en effet établi à 86 points en avril contre un indice préliminaire de 83,2 points, après 77,6 points pour le mois de mars. Même si l'indice reste historiquement faible, son redressement est encourageant. Les consommateurs américains portent un jugement sensiblement meilleur sur leur situation actuelle, dont l'indicateur est passé de 90 en mars à 96,4 en avril. Surtout, ils sont nettement plus optimistes - ou moins pessimistes - pour l'avenir. L'indice des anticipations gagne en effet près de dix points en un mois, passant de 69,6 à 79,3.Les Américains, autrement dit, se félicitent de la fin de la guerre en Irak et espèrent bien que l'économie va désormais pouvoir de redresser. Dans la mesure où leur consommation demeure le principal soutien de celle-ci, ce regain de moral pourrait prendre des allures de prophétie auto-réalisatrice. A moins, bien sûr, que la montée du chômage aux Etats-Unis ne vienne enrayer ce regain de confiance encore bien fragile.
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