Anxiété sur les marchés autour de la crise irakienne

Fébriles, vous avez dit fébriles ? Sur les places boursières comme sur les marchés financiers, la nervosité est de mise, ce lundi. De Tokyo à Paris en passant par Londres, les indices s'enfoncent: à Paris, le CAC 40 cède 3,55% à la clôture, au plus bas de la journée. Quant au FTSE 100, à la City, il perd 3,41%. Le billet vert, quant à lui, n'en finit pas de dégringoler et c'est l'euro qui s'envole. La monnaie européenne a dépassé pendant quelques minutes à la mi-journée la barre de 1,09 dollar, à 1,0907, avant de se replier quelque peu. En fin d'après-midi, un euro s'échange contre 1,086 dollar.Ces soubresauts sont évidemment liés à la question irakienne. Depuis six mois, ce dossier empoisonne un climat économique pourtant déjà très morose. Lundi après-midi, les chefs des experts en désarmement en mission en Irak ont présenté leur rapport devant le Conseil de sécurité des Nations Unies (lire ci-contre). Des commentaires entendus ici ou là, à Davos ou ailleurs, il semble que l'on s'achemine vers un nouveau délai accordé aux émissaires de l'Onu pour mener à bien leur tâche. Au terme de cette période, une intervention militiare contre le régime de Bagdad paraît inévitable. Les Etats-Unis attaqueront-ils seuls, combien de temps durera ce conflit, quand débutera cette intervention? Toutes ces questions alimentent les spéculations actuelles.Or, c'est bien ces incertitudes qui minent et hypothèquent les perspectives de reprise de l'économie mondiale. "Plus on traîne, plus on pourrit la situation globale, et l'économie paie les pots cassés": volontairement cynique, Philippe Waechter, chef économiste de Banque Populaire Asset Management, estime que "malheureusement, seule une résolution violente peut permettre de lever les incertitudes" et ainsi conduire à un rebond en 2003. Ce constat est néanmoins accompagné d'une condition de taille : "que tout cela se passe bien". A savoir, que le conflit ne s'éternise pas.Le poids de l'incertitude se fait notamment sentir dans le domaine de l'investissement. Les entreprises gèlent ou reportent leurs projets, réduisent leurs capacités de production et suppriment des emplois. Les dirigeants sont dans le brouillard, y compris pour les trois prochains mois. Dans ces conditions, leurs prévisions sont dictées par la prudence. De nombreux communiqués d'entreprises - pour ne pas dire la majorité - comportent une mention selon laquelle les perspectives sont brouillées par la situation internationale. Présent à Davos, où le dossier irakien est apparu en tête des préoccupations des 2.000 paricipants de ce 33ème Forum économique mondial (lire ci-contre), le président de Fedex a bien résumé l'état d'esprit général. Selon Frederick Smith, "l'Irak, c'est l'éléphant qui est assis dans un coin de la pièce". Or, il semble que les chefs d'entreprises et économistes vont devoir s'habituer encore à vivre avec la présence de cet animal encombrant. En effet, si comme on le murmure de plus en plus fort, les Américains se montrent disposés à accorder un mois supplémentaire d'enquête aux inspecteurs de l'Onu, alors l'incertitude va continuer de prédominer pendant encore de longues semaines.
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