Les marchés européens jouent l'imminence de la guerre

Le déclenchement de la guerre n'est probablement plus qu'une question d'heures : fondée ou pas, cette conviction a incité les marchés financiers à renouer avec la hausse, mercredi après-midi, alors que la matinée avait été plutôt calme après plusieurs jours agités marqués par l'ultimatum des Etats-Unis au régime irakien.A quelques heures de l'expiration de l'ultimatum américain, les places financières européennes sont donc repassées franchement dans le vert, gagnant 2 à 3% en début d'après-midi. A la clôture, les progressions ont un peu ralenti, du fait de la tenue très hésitante des marchés américains: Londres a terminé en hausse de 0,48%, Paris gagnant 1,53%. Quant à l'indice Stoxx 50, qui reflète l'évolution des cours des plus grandes entreprises européennes, il gagnait à la même heure 1,22%. Sur le marché pétrolier, après le très net repli de 9,6% observé hier à New York, les cours se sont repris. En fin d'après-midi à Londres, le baril de Brent de Mer du Nord gagnait 25 cents, à 27,50 dollars, par rapport au cours de clôture d'hier soir. Sur le marché des changes, enfin, le dollar s'est redressé vis à vis de l'euro. Ce dernier est repassé sous la barre des 1,06 dollar, cotant 1,0588 dollar.Comme ces derniers jours, c'est la disparition des dernières incertitudes sur le lancement de l'offensive contre Saddam Hussein qui est à l'origine de la bonne tenue des marchés. En fin de matinée, le bruit a en effet couru que des troupes américaines auraient pénétré dans la zone démilitarisée située entre le Koweit et l'Irak, ce qui ne pourrait que signifier que l'invasion est imminente. En outre, le président Jacques Chirac a affirmé en Conseil des ministres que la crise internationale était entrée "dans une phase aiguë qui rend probable le déclenchement dans les jours qui viennent d'une guerre en Irak". Autre signe de la montée des tensions, l'état d'urgence a été proclamé mercredi au Kurdistan par le parlement, a annoncé le Parti démocratique du Kurdistan (PDK), qui contrôle une partie de cette région. Mercredi matin, c'est sans surprise que les députés irakiens avaient apporté un soutien unanime à Saddam Hussein, le chef du parlement affirmant que le départ en exil de l'homme fort de Bagdad, exigé par Washington, "n'arriverait jamais". Autant dire que la proposition formulée mercredi soir par Bahrein de donner asile au dictateur irakien n'a guère de chance d'être acceptée...Face à l'imminence du conflit, la majorité des diplomates ont d'ailleurs quitté Bagdad. Certaines grandes entreprises ont également décidé d'évacuer leur personnel basé dans des pays voisins de l'Irak. C'est notamment le cas de Shell qui a décidé de faire partir les 260 salariés qui travaillaient sur des champs pétroliers iraniens.Le rebond des marchés s'explique donc par la disparition des dernières incertitudes qui pouvaient encore demeurer sur la fin du bras de fer en Irak. Les investisseurs continuent à penser que la guerre sera courte et la victoire américaine totale et cherchent à rattraper une partie des pertes subies ces dernières semaines.Il n'en demeure pas moins que cette bouffée d'optimisme des marchés n'est pas forcément appelée à durer. Au delà des péripéties du conflit, qui devraient susciter une volatilité très forte dans les jours à venir, les problèmes de fond demeurent, et tout particulièrement les inquiétudes quant à l'état de santé de l'économie américaine. La fin de la guerre sonnera-telle le retour à une croissance rapide outre-Atlantique? Les doutes persistent comme en témoigne le compte rendu de la réunion de la Fed hier soir. La Réserve fédérale américaine n'a pas baissé le loyer de l'argent, ce qui était largement attendu par les marchés, mais elle a surpris les experts en refusant au nom même des inconnues planant sur l'Irak, de donner son habituelle évaluation des risques d'inflation et d'affaiblissement pesant sur l'économie...
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