Secondes chances

La France décline, la France tombe, affirme un refrain à la mode. Pourtant, malgré ses tares réelles ou supposées, notre pays attire encore les investisseurs. Il est surprenant de devoir s'en étonner. Mieux, sur le marché des télécoms, les déboires passés ne dissuadent même pas des entreprises de venir retenter leur chance. Ainsi, deux opérateurs européens, l'Italien Telecom Italia et le britannique BT, reviennent en France après y avoir connu l'échec pour l'un et l'impasse pour l'autre. A la faveur de la libéralisation du marché en 1998, Telecom Italia avait créé 9 Telecom tandis que BT, à l'époque British Telecom, avait été convié dans l'aventure Cegetel par Jean-Marie Messier. C'était l'époque où l'on imaginait que tous les grands opérateurs européens (Telefonica, Deutsche Telekom, British Telekom, etc.) allaient déferler sur l'hexagone pour tailler des croupières à France Télécom.Las ! Il n'en a rien été. La retentissante crise des télécoms est passée par là. La stratégie qui précisément consistait à former des clones de France Télécom, à savoir des opérateurs globaux intégrés visant à la fois le grand public et les professionnels, s'est brisée face aux réalités d'un marché bien verrouillé. N'ayant jamais réussi à rentabiliser 9 Telecom, Telecom Italia a dû se résoudre l'an dernier à s'en défaire en le vendant à LD Com. Pour BT, ce fut plus compliqué. Actionnaire minoritaire de Cegetel, bloqué par les visées de Vodafone sur SFR, l'opérateur historique britannique a fini par s'en désengager à la fin 2002. Visiblement, l'un comme l'autre n'ont cependant guère voulu tarder pour repartir à la conquête de la France. Et il semble qu'ils aient tiré les leçons de leurs expériences précédentes en visant cette fois des segments précis. Telecom Italia entend ainsi s'attaquer au marché de l'Internet à haut débit avec des offres grand public ADSL à prix cassés, incluant l'abonnement à France Télécom. BT, de son côté, exclut d'emblée le grand public et les PME. Sa filiale française se concentrera sur les grands groupes à qui elle proposera une gamme de services allant des télécoms aux services informatiques. Une stratégie ambitieuse qui n'a néanmoins pas trop réussi à Deutsche Telekom. Telecom Italia et BT, bien moins gênés financièrement qu'il y a quelques mois, ont donc commencé à investir dans leurs infrastructures, mais aussi en recrutant une force commerciale d'envergure. L'opérateur italien avance une enveloppe de 300 à 400 millions d'euros à étaler dans le temps. Pour le Britannique, ce sera 100 millions d'euros dès cette année. C'est le prix à payer pour conquérir des niches plus ou moins juteuses sur un marché réputé peu concurrentiel, mais dont les observateurs font le pari qu'il ne peut, à terme, que s'ouvrir et se développer davantage.
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