Novartis choisit la recherche plutôt que ses marges

Novartis continue sa croissance, mais justifie pourtant la prudence des opérateurs à son égard. Le troisième laboratoire européen a annoncé une progression de 7% de son résultat net à 1,18 milliard de dollars. Un chiffre légèrement inférieur aux attentes des analystes qui tablaient, selon le consensus Reuters, sur un résultat net de 1,29 milliard de dollars. C'est d'autant plus décevant que le groupe bâlois présente ses résultats en monnaie américaine et a donc bénéficié d'un effet de change positif. Ainsi, les ventes du groupe ont progressé de 16% sur le trimestre, à 5,37 milliards de dollars, mais exprimées en monnaies locales, le chiffre d'affaires ne croît que de 11%. La marge opérationnelle de Novartis recule donc sensiblement. Sur le troisième trimestre, les activités Pharma (65% du CA) voient leur marge reculer d'un demi-point de pourcentage sur un an à 28,1%. Pour l'ensemble du groupe, la baisse atteint 90 points de base à 23,7%. Et ce mouvement ne devrait pas ralentir. Le directeur financier de Novartis, Raymund Breu, a ainsi indiqué dans une interview que "les marges devraient légèrement baisser cette année et l'an prochain". Le recul de la marge opérationnelle est pourtant rassurant. Il repose en effet sur des investissements de plus en plus lourds dans le domaine de la recherche et développement. Au cours du trimestre, ces dépenses ont en effet progressé de 20% sur un an. De bon augure pour le groupe qui a décidé de relancer son pipeline (médicaments en cours de développement) pour garantir ses profits futurs. Beaucoup de grands laboratoires européens ont, à l'inverse, préféré soigner leurs profits immédiats en réduisant les investissements de recherche. Un mouvement pervers qui a asséché le marché et les a rendus plus fragiles face aux génériques. En faisant des concessions sur sa marge aujourd'hui, Novartis prépare donc l'avenir. Et il est vrai que cette reconstitution du pipeline est essentielle pour le groupe bâlois. Ses ventes en pharmacie dépendent en effet énormément de son médicament contre l'hypertension, le Diovan. Avec 615 millions de dollars de ventes entre juillet et septembre, ce produit représente à lui-seul 15% des ventes de médicaments. Certes, le président de Novartis, Daniel Vasella, espère que le Diovan dépassera bientôt les 3 milliards de dollars de ventes annuelles, mais le groupe ne peut pas trop dépendre de ce produit. Or, comme six de ses dix produits les plus vendus ont connu ce trimestre une croissance des ventes de moins de 10%, il faut donc trouver des relais de croissance. Autre élément déterminant de la stratégie du groupe bâlois, son orientation sur les génériques. Une volonté originale (lire ci-contre) qui s'est confirmé encore ce trimestre. Les ventes de la division Sandoz, où sont regroupés les génériques, ont progressé de 36% en dollars et de 28% en monnaies locales, notamment grâce au rachat du groupe slovène Lek. Et la croissance externe dans ce secteur devrait se poursuivre. Raymund Breu a ainsi confirmé que "lorsque cela fera sens, nous continuerons à acquérir des affaires". Et d'ajouter une fois encore: "nous nous attendons à devenir une société leader dans les génériques". La stratégie du groupe est donc confirmée et elle semble solide. Mais le marché continue de demander de la rentabilité accrue et des nouvelles concernant le pipeline. "Pour que l'action monte, il faut des surprises positives", a déclaré à Reuters l'analyste Denis Anderson, de Julius Baer. Du coup, en fin de séance, le titre reste presque stable à 53,05 francs suisses (+0,47%).
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