AstraZeneca est en passe de réussir son pari. Le laboratoire anglo-suédois a en effet obtenu dans la nuit de mardi à mercredi le feu vert de la FDA pour la mise sur le marché de son médicament anti-cholestérol Crestor. En avril dernier, le groupe avait acquis la même autorisation pour son anti-coagulant Exanta. Cette autorisation est une excellente nouvelle pour AstraZeneca qui aura eu bien du mal à convaincre les autorités américaines. En mai 2002, en effet, la FDA avait demandé une amélioration du produit suite à des complications rénales constatées lors des essais cliniques. Le médicament avait alors fait l'objet d'une violente campagne de la part de plusieurs groupes de consommateurs encore traumatisés par l'affaire Baycol. Or, le Crestor et le Baycol appartiennent à la même classe de médicament.AstraZeneca est donc parvenu à améliorer les effets secondaires du Crestor. Selon le communiqué du groupe, ce médicament est désormais "généralement bien toléré" et ne provoquerait que "des réactions secondaires légères et transitoires". La FDA elle-même a indiqué dans son communiqué que les dernières études étaient "rassurantes". Au point que l'agence fédérale ne recommande pas de suivi rénal en association avec la prise du Crestor et qu'elle a autorisé la mise sur le marché de pilules fortement dosées.En revanche, le produit s'est avéré beaucoup plus efficace que ses concurrents pour faire reculer le taux de cholestérol de nombreux patients. David Brennan, un des dirigeants du groupe a d'ailleurs affirmé que le "Crestor est le traitement le plus efficace pour faire baisser le mauvais cholestérol et faire remonter le bon". Rien d'étonnant à ce que la plupart des analystes estiment donc que le Crestor pourrait devenir le médicament vedette du groupe avec 4 milliards de dollars de ventes en 2008. Du pain béni pour AstraZeneca, dont les principaux produits, comme l'antiulcérant Prilosec, sont désormais concurrencés par des génériques. Mais il faudra batailler ferme pour parvenir à ce succès. Le groupe entend dépenser un milliard de dollars en marketing pour pénétrer un marché aujourd'hui dominé par le Lipitor de Pfizer, le médicament le plus vendu au monde avec 8 milliards de dollars de revenus annuels. D'autant que le prix de vente du Crestor sera plus élevé que celui du Lipitor de 7% et que d'autres produits, développés par Novartis, Merck ou BMS, sont présent sur ce marché. La guerre des statines (molécules anti-cholestérol utilisées dans le Lipitor et le Crestor) est donc sur le point de commencer.Le plus difficile est donc peut-être encore à venir pour AstraZeneca. Imposer ce nouveau produit ne sera pas simple. D'autant que le mois dernier le groupe de consommateurs américains Public Citizen a demandé à la FDA de ne pas agréer le Crestor jugé "trop dangereux". Reste que le marché lui est soulagé. Depuis plusieurs mois, il a parié sur le succès du pipeline d'AstraZeneca, malgré les maigres résultats du groupe, très touché par la concurrence des génériques. Avec l'approbation de l'Exanta et du Crestor, le succès de cette stratégie semble entendu et la prime par rapport au marché (23% selon la Société générale), justifée. L'action a même progressé mercredi de 2,05% à 2540 pence.

latribune.fr

20 Oct 2008, 0:37

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