Duel au sommet dans les places de marché

Dans le domaine des places de marché, les mouvements de consolidation se poursuivent. Dernière opération en date: Hubwoo, cotée sur le Nouveau marché, vient de reprendre Avisium, contrôlé à 36% par les Banques Populaires. Hubwoo, une société dont l'actionnaire principal est le président-fondateur Jean-Pierre Masse, ne sortira pas de cash mais s'acquittera en titres de la reprise de la société, une opération dont les modalités n'ont pas été dévoilées.Première motivation des deux sociétés: unir leurs forces pour générer de plus gros volumes, alors que le marché de l'e-procurement est en plein démarrage. Tous deux opérateurs de places de marché, Hubwoo et Avisium vivent en effet des transactions réalisées sur leurs plates-formes. Pour cela, ils doivent avoir convaincu un maximum de fournisseurs et de clients, afin de générer les plus gros volumes possibles. Les deux places de marché sont d'autant plus pressées que depuis le départ les estimations de croissance du marché ont bien évidemment été surévaluées. Résultat, pas une place de marché d'achats non stratégiques (fournitures de bureaux, voyages, etc.) n'est aujourd'hui rentable et toutes n'auront pas leur place dans l'industrie. "Je pense qu'il n'y aura à terme que deux ou trois acteurs en Europe", explique Jean-François Cazenave, président du directoire d'Hubwoo. Chez Answork, la place de marché des trois grandes banques, Société Générale, Crédit Agricole et BNP Paribas, on se montre un petit peu plus optimiste. "Il y a place pour 4 ou 5 acteurs en Europe, contre entre 20 et 30 aujourd'hui", assure Martial Girardin, le directeur général d'Answork, également persuadé de faire partie à terme des survivants.Sélection naturelleEn France, le processus de sélection naturelle n'est pas terminé. Après la mort de Seliance, propriété du Crédit Lyonnais, annoncée dans les colonnes de la Tribune en janvier dernier (lire ci-contre), il ne reste donc plus que deux "grands" acteurs, en plus de sociétés de moindre taille, tous jouant des coudes pour survivre. S'ils se battent les uns contre les autres, ils affrontent surtout les grands intervenants européens tels que BT Ignite, Siemens ou IBX (Ericsson).En attendant, dans l'Hexagone, la guerre de communiqués entre les deux principaux acteurs Hubwoo/Avisium et Answork bat son plein, chacun revendiquant la position de leader, portefeuille de clients et chiffres à l'appui. Hubwoo affiche un chiffre d'affaire de 4,8 millions d'euros pour 2002. Chez Avisium, on annonce 2,7 millions d'euros. Avec un revenu de 5,5 millions d'euros, Answork serait donc numéro un.Les informations restent néanmoins insuffisantes pour consacrer l'un ou l'autre. Chez Answork, les trois banques actionnaires de la société ont garanti un chiffre d'affaires minimum annuel, représentant en 2002 75% des revenus totaux. Un contrat reconduit en 2003 et selon lequel les trois banques fourniront environ 60% des 7 millions d'euros de revenus espérés par la société. Du côté d'Hubwoo, l'activité place de marché a dégagé 3,9 millions d'euros de chiffre d'affaires, le reste provenant de l'activité gestion de stocks. De même chez Avisium, entre 10 et 20% des revenus 2002 proviennent d'une activité similaire abandonnée depuis. Peu importe, Hubwoo a des ambitions de croissance supérieures à celles d'Answork. Hors intégration d'Avisium, le groupe espère toucher en 2003 1% du "milliard d'euros de transactions générés cette année, après 420 millions en 2002", assure Jean-François Cazenave.Chasse aux grands comptesLa chasse aux grands comptes est ouverte. En reprenant Avisium, Hubwoo ajoute à son portefeuille Sagem, Michelin, Renault Truck, en plus d'EDF-Gaz de France, Thomson... "Nous mettons le pied dans de nouvelles industries", assure Jean-François Cazenave. Answork revendique de son côté 10 grands comptes, dont Legrand, Air Liquide, la Direction générale de l'Armement et un projet de cartes d'achat pour les administrations. "Il reste tous les autres grands groupes à conquérir", constate Martial Girardin.Objectif principal: parvenir le plus vite possible à la rentabilité. Answork espère l'équilibre opérationnel fin 2003 ou en début d'année prochaine tandis qu'Hubwoo/Avisium veut dégager du cash-flow dès cette année. Au delà de l'affrontement direct des deux places de marché, s'opposent les grandes banques françaises, qui espèrent bien récupérer leurs billes dans cette aventure hasardeuse. Les investisseurs d'Answork, qui comptent dans leurs rangs France Télécom, ont injecté 45 millions d'euros en tout, tandis qu'Hubwoo a reçu 25 millions d'euros. Dans Avisium, les Banques Populaires, avec Apax, Advent et BBS, ont misé 28 millions d'euros. En entrant dans Hubwoo, ces derniers espèrent sûrement échapper au sort du Crédit Lyonnais qui a perdu 6 millions d'euros dans l'aventure Seliance. C'est pourquoi les Banques Populaires sont mêmes devenues le premier actionnaire d'Hubwoo devant son président fondateur, Jean-Pierre Masse.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.