"Les grands du secteur de l'intérim sont prêts aux acquisitions"

latribune.fr - Dans une étude publiée mi-décembre, Manpower prévoyait une hausse nette de 5% des recrutements pour le premier trimestre 2004. Cette perspective vous semble-t-elle réaliste?Jean-Claude Bouveron - Ce n'est pas impossible, mais ces prévisions me semblent un peu optimistes. Il existe en effet un décalage conjoncturel entre l'évolution du PIB et l'évolution du marché de l'emploi. Ce décalage est encore amplifié dans des pays comme la France ou l'Allemagne où les rigidités allongent les mouvements de suppression d'emplois. Je considère que la progression du chômage va se poursuivre durant le premier semestre 2004.Comment les deux acteurs français du marché de l'intérim résistent-ils durant cette période de crise?En octobre, les résultats semestriels du groupe CRIT ont beaucoup déçu. La société a alors montré une sensibilité à la conjoncture plus forte qu'attendu. Sa tendance à faire mieux que le marché s'est donc essoufflée. A l'inverse, Synergie affiche depuis trois trimestres un comportement positif et nettement supérieur au marché. Comment expliquer cette différence?La réponse est délicate, mais on peut avancer quelques pistes. CRIT est plus exposé dans le secteur automobile, qui est particulièrement à la peine ces temps-ci. Par ailleurs, Synergie dispose d'une meilleure culture et d'un véritable historique dans le domaine des grands comptes. L'exposition internationale de Synergie est-elle un éventuel levier de croissance supplémentaire?Le groupe réalise 15% de son chiffre d'affaires à l'étranger, principalement en Belgique, en Italie et en Espagne. Il me semble qu'il peut s'agir d'un élément positif pour deux raisons. D'abord, ces positions à l'étranger vont permettre de vendre des services globaux à des clients présents dans plusieurs pays. Ensuite, si la contribution aux résultats financiers est encore limitée, il peut s'agir d'un élément important d'ici à deux ans. Sur le plan boursier, Synergie a gagné 57% et CRIT 21% depuis six mois. Cette divergence va-t-elle perdurer? L'écart s'est créé après la présentation des résultats semestriels de CRIT. Compte tenu des perspectives de ces deux groupes, il me semble que la différence relative de valorisation entre eux ne va pas se résorber. Mais les valorisations absolues commencent à être élevées.La période actuelle est celle d'une fin de crise. Est-elle favorable à la consolidation du secteur? Oui, et le signal qui vient le confirmer est l'acquisition réalisée récemment par Manpower aux Etats-Unis. D'autant que la stratégie de cette société était jusqu'ici plus axée sur la croissance interne. Les grands du secteur sont prêt à réaliser ces opérations car ils disposent désormais de bilans sains et de cash abondant.
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