2,8 milliards d'euros pour sauver Alstom

En graves difficultés financières, le groupe industriel Alstom a enfin dévoilé les détails d'un plan de refinancement d'ampleur. Montant total de l'opération: 2,8 milliards d'euros. Certaines parties de ce plan étaient déjà connues. En premier lieu, l'augmentation de capital de 600 millions d'euros approuvée par les actionnaires du groupe en début d'été. Alstom a confirmé ce qu'avait annoncé mardi Francis Mer, à savoir que l'Etat contribuera pour moitié à l'opération avec en contrepartie 31,5% du capital. Le groupe industriel en déroute a en plus annoncé le prix de cette augmentation de capital, qui sera de 1,25 euro par nouvelle action émise. Autres aspects du plan: le groupe va lancer une émission d'obligations remboursables (ORA) en actions d'un montant de 900 millions d'euros et il a obtenu un crédit supplémentaire de 1,3 milliard d'euros, avec une maturité de 6 ans. Là aussi, nouvelle intervention de l'état qui prêtera 200 millions d'euros sur ce total. L'Etat va donc injecter au total 500 millions dans les caisses du groupe. Et pour les banques, la facture pourrait monter jusqu'à 2,3 milliards puisqu'elles garantissent le solde de l'augmentation de capital et l'émission d'ORA.Enfin, Alstom a obtenu pour 3,5 milliards d'euros de lignes de caution bancaire. 65% de chaque caution sera contre-garantie par l'Etat.Cette arrivée d'argent frais va permettre au groupe de faire face à ses prochaines échéances. Il doit rembourser pour 550 millions d'euros d'obligations en février 2004 et 1,25 milliard d'euros de crédit deux mois plus tard.Le groupe a également communiqué de nouveaux éléments sur son plan de cessions. Alstom a ainsi confirmé le nom du repreneur de l'activité Transmission & Distribution (T&D). Il s'agit finalement d'Areva qui reprendra cet actif -le plus rentable d'Alstom- d'ici le 15 septembre. Le montant de la transaction n'a pas été communiqué. L'évaluation de T&D s'échelonne, selon les observateurs, entre 800 millions et 1,5 milliard d'euros. Cette cession intervient après le bouclage de la vente des turbines à Siemens pour 950 millions d'euros. En tout, le programme de cessions doit rapporter 2,2 milliards d'euros au groupe, qui ramènerait ainsi son endettement à 4,2 milliards d'euros selon Aurel-Leven contre presque 5 milliards d'euros actuellement pour des fonds propres 5 fois inférieurs.Suspendu depuis le début de la semaine, le titre Alstom fait le yo-yo à sa reprise de cotation. D'abord en hausse de plus de 7%, il perd 6,17%, à 2,89 euros, à la clôture."Le groupe restera très endetté, mais au moins sa pérennité sera assurée", commente un vendeur joint par l'AFP.Prise de participation ou soutien inéquitable?Le soutien apporté par l'Etat a suscité de vives réactions. Assimilant l'opération à un regain de "gaullisme", l'économiste Elie Cohen a affirmé que "même la gauche n'aurait pas osé faire ça". Derrière les phrases choc se pose en effet le problème des prises de participations des Etats dans des sociétés privées. Car la Commission européenne veille au respect des règles de concurrence. La question est donc de savoir si dans ce cas précis l'Etat a agi comme l'aurait fait n'importe quel investisseur privé ou s'il s'agit d'un soutien inéquitable vis-à-vis des concurrents d'Alstom. Bruxelles devrait se prononcer prochainement. Mais Patrick Kron, le PDG d'Alstom, se dit d'ores et déjà "confiant". Dans un interview accordée au Monde, il estime que la décision de l'Etat est conforme au droit européen.
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