MCI sous le coup d'une nouvelle enquête judiciaire

Un nouveau scandale financier de grande ampleur menace MCI, ex-WorldCom. La justice américaine a ouvert, dans le courant du mois de juillet, une enquête sur l'opérateur télécoms pour fraude sur les droits d'accès payables à ses concurrents, selon des informations du New York Times. Et le préjudice, qui durerait depuis 1994 et continuerait encore actuellement, pourrait bien dépasser le milliard de dollars. WorldCom a confirmé le week-end dernier avoir reçu de la part de la justice une demande de documents relatifs à ces droits d'accès.A l'origine de cette enquête, les révélations d'anciens dirigeants de WorldCom et les plaintes de trois opérateurs téléphoniques concurrents, AT&T, SBC Communications et Verizon. Premier volet de la fraude, WorldCom a, selon les opérateurs et les anciens cadres du groupe, déguisé des appels longue distance en appels locaux, pour éviter d'avoir à payer des droits d'accès aux opérateurs concurrents. Ces "access fees", payables au départ ou à l'arrivée de chaque appel, sont facturés par les opérateurs locaux aux opérateurs longue distance en échange de l'accès à leurs réseaux. Ils sont comptabilisés par des codes de facturation, que WorldCom aurait frauduleusement modifiés, les maquillants en appels locaux, dans le cadre de pratiques connues en interne sous le nom "Project Invader" ou "Project Scorpion".Deuxième volet du préjudice, les opérateurs télécoms assurent que le groupe aurait détourné des millions d'appels vers le Canada, afin de les faire rentrer dans le territoire américain en les faisant passer pour des appels de clients d'autres opérateurs. Les opérateurs concurrents de WorldCom auraient ainsi payé à sa place une grande partie de ses communications.AT&T serait ainsi sur le point d'apporter aujourd'hui les preuves à la justice que WorldCom a détourné via le Canada les appels d'au moins sept agences gouvernementales, dont ceux de la Poste américaine et du Département d'Etat, les faisant passer pour des appels d'AT&T, affirme le Washington Post. AT&T affirmerait avoir payé des centaines de millions de dollars à la place de WorldCom au cours des dix dernières années. Ses avocats affirment en outre que ces reroutages auraient mis en danger la sécurité nationale.Il faut en effet rappeler que AT&T et ses co-plaignants sont de féroces concurrents de MCI, ex-Worldcom. Cette dernière est depuis juillet 2002 sous la protection du chapitre 11 de la loi américaine des faillites, à la suite de graves malversations comptables. L'enquête menée depuis lors a révélé jusqu'à 11 milliards de dollars de fraude. Dans le plan de redressement en cours, la justice américaine a entériné au début du mois de juillet l'accord entre MCI et la SEC, le gendarme boursier américain, qui prévoit le dédommagement de ses actionnaires et de détenteurs de ses obligations à hauteur de 500 millions de dollars en numéraire et 250 millions en actions. Or, MCI a bien l'ambition de sortir de la faillite dès l'automne prochain. Une conclusion du plan de redressement qui serait l'inverse de celle que ses concurrents souhaitent, à savoir sa liquidation pure et simple, avec répartition de ses actifs entre les autres opérateurs.Des bâtons dans les roues pour l'empêcher de sortir de la faillite. C'est en tout cas l'argument repris par la direction de MCI, qui affirme qu'elle mène sa propre enquête et qu'elle coopèrera entièrement avec toute enquête judiciaire. Il y a deux semaines, WorldCom a accepté de payer à Verizon 60 millions de dollars pour régler un différend portant justement sur des droits d'accès au réseau concurrent.
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