En marge de la bataille qui oppose les actionnaires minoritaires à la direction, Eurotunnel a publié mardi matin son chiffre d'affaires pour le troisième trimestre. Avec une baisse annuelle de 6% à 210,1 millions d'euros, le groupe est encore une fois victime de la baisse du trafic entre le Royaume-Uni et le Continent. Ainsi, le trafic voitures a enregistré un recul de 4% sur un an en volume avec 639.064 véhicules transportés. Dans ce secteur, le groupe semble d'ailleurs perdre des parts de marché puisque le marché en volume n'a reculé que de 3%. En revanche, le trafic poids lourds chez Eurotunnel a progressé nettement plus vite que le marché. En effet, alors que ce dernier était stable par rapport au troisième trimestre 2002, le trafic des navettes camions a progressé de 6% à 314.133 véhicules transportés. Mais cette performance correcte en volume n'a pas permis de maintenir le chiffre d'affaires, compte tenu de la tendance à la baisse des prix. Ainsi, les ventes des navettes ont reculé de 11% à 121,4 millions d'euros. En revanche, le chiffre d'affaires chemin de fer progresse de 2% sur un an à 83,1 millions d'euros. La baisse de 7% du trafic passager est en effet compensée par une hausse de 31% du tonnage transporté par le fret. La direction indique par ailleurs qu'elle attend beaucoup du lancement, fin septembre dernier, du tronçon britannique à grande vitesse. Le groupe a profité de cette présentation pour faire un point sur son endettement. Selon la direction, "la situation de la trésorerie d'Eurotunnel reste solide jusqu'en 2005". Au cours du trimestre, la dette a été réduite de 63 millions d'euros. Elle reste toutefois monstrueuse, à 9,6 milliards d'euros. Le groupe indique d'ailleurs que certaines difficultés pourraient survenir à partir de 2005. A la fin de cette année, il pourrait être nécessaire de transformer toutes les avances de stabilisation en actions. Mais le communiqué d'Eurotunnel précise que "la décision finale à ce sujet n'a toutefois pas à être prise avant 2005". En 2007, par ailleurs, Eurotunnel rappelle que l'évolution de son flux de trésorerie (lié à la fin de la garantie de revenus provenant des réseaux de chemins de fer) coïncidera avec le début du remboursement de sa dette junior. Une situation qui pourrait amener le groupe à refinancer "de façon significative" sa dette. Deux éléments qui ne manqueront certainement pas de provoquer l'ire des actionnaires en révolte, et notamment de l'éditeur anti-fiscaliste Nicolas Miguet qui a pris la tête du mouvement. Reste cependant que le président d'Eurotunnel Richard Schirrefs a pris les devants en dénonçant la "simplification à outrance et la politisation du dossier". Le président du groupe passe d'ailleurs nommément à l'attaque contre Nicolas Miguet. S'il admet en effet que la dette est trop lourde, il estime cependant qu'on ne peut pas "dire aux gens des choses impossibles". Et d'ajouter "c'est là la grande différence entre moi et Nicolas Miguet". Selon lui, deux arguments avancés par l'éditeur sont de nature à "tromper les actionnaires": il s'agit de la possibilité de tripler les ventes du groupe et de diviser par cinq le montant de la dette. "C'est absurde", s'insurge Richard Schirrefs qui a, par ailleurs, confirmé qu'il ne souhaitait pas convoquer d'assemblée générale extraordinaire en raison "du manque de projet stratégique et de conseil d'administration alternatif" des minoritaires. Selon lui, d'ailleurs, "les objectifs de M. Miguet ne nous paraissent pas clairs du tout". De leur côté, les minoritaires continuent de se démener. Jacques Maillot, le fondateur de Nouvelles Frontières, et qui a été contacté par certains d'entre eux pour être leur candidat à la direction d'Eurotunnel, a fait savoir qu'il donnerait sa réponse dans "huit à dix jours". Interrogé au sujet de Nicolas Miguet par BFM, Jacques Maillot s'est contenté de dire "qu'il ne connaissait pas cette personne". En fin d'après-midi, le titre Eurotunnel cède 3,49%, à 83 centimes d'euro.

latribune.fr

20 Oct 2008, 0:52

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