La nouvelle offensive du Kremlin contre Youkos inquiète les marchés

La bataille rangée entre les "oligarques" et le gouvernement russe se poursuit. Et clairement, pour le moment, l'initiative est au Kremlin. Ce matin, la presse russe annonçait que le président russe avait accepté la démission de son chef de cabinet Alexandre Volochine. L'homme était considéré comme proche des milieux financiers. Il avait toujours soutenu le camp des "oligarques" auprès du président Poutine, contre celui des "faucons, anciens membres des services secrets". Cette démission, si elle se confirmait, marquerait une nouvelle étape de la transformation de la présidence. Car Alexandre Volochine était déjà à son poste sous Boris Elstine, c'est-à-dire à l'époque glorieuse des "oligarques", lorsque ceux-ci avaient la main sur le Kremlin. Or, c'est justement sur les pratiques de cette époque, celle des privatisations, que Vladimir Poutine attaque les "oligarques". Mikhail Khodorkovski, comme son banquier Platon Lebedev, en prison depuis juillet dernier, sont entre autres accusés d'avoir acquis des actifs publics à vil prix, grâce à des collusions politiques. Pour enfoncer le clou, le parquet de Moscou a demandé officiellement l'annulation de l'élection au sénat de Vassili Charkhnovski, actionnaire de Youkos et, mis en examen depuis le début du mois pour "évasion fiscale". Charkhnovski, élu de Krasnoïarsk, en Sibérie, aurait, selon le Parquet, commis plusieurs irrégularités qui rendraient caduques son élection. Si le mandat de Charkhnovski est annulé, son immunité parlementaire tomberait immédiatement et il se pourrait bien que ce dernier finisse rapidement dans une geôle rejoindre deux autres actionnaires de Youkos, Mikhail Khodorkovski et Platon Lebedev. L'offensive de Moscou a donc de quoi tenir en respect les autres oligarques. Lundi, certains membres des milieux libéraux avaient dénoncé l'attitude du président. Mais les chefs d'entreprise restent prudents. A l'image de Roman Abramovitch, l'autre grande figure de la Russie oligarchique des années 1990. Le président de Chelsea était mercredi matin à Moscou en tant de gouverneur de la province sibérienne de Tchoukotka. Selon Interfax, interrogé sur l'arrestation du président de Youkos, Roman Abramovitch a refusé de faire des commentaires. "Ne m'interrogez pas sur ce sujet, rien de tout cela ne dépend de moi", a-t-il déclaré. En tout cas, la nervosité n'a pas abandonné les marchés russes. Immédiatement après l'annonce de la requête concernant Alexandre Charkhnovski, le titre Youkos s'est effondré à Moscou. En roubles, le titre a reculé de 7,71%, effaçant ses gains de la veille (+3,33%). En clôture, l'action Youkos lâchait encore 3,47% à 347,40 roubles. Dans la foulée, l'indice calculé en roubles Micex-10 abandonnait 2,04%, effaçant ainsi sa hausse de 1,99% mardi. Preuve que, désormais, les marchés russes sont devenus particulièrement volatiles et extrêmement sensibles aux moindres signes de durcissement venus du Kremlin. Danone a-t-il renoncé à la Russie ?Beaucoup de Russes craignent le tarissement des investissements étrangers dans la situation actuelle. Selon le Financial Times, Danone pourrait être le premier groupe à renoncer au marché russe. Le Français était en lice pour acheter le fabricant de produits frais Wimm-Bill-Damm. Or, le quotidien londonien indique que ce rachat était repoussé. La situation politique russe n'y est sans doute pas pour rien. Dans l'immédiat, Danone s'est refusé à tout commentaire.
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