Les internautes se résignent au contenu payant

On pensait que les habitudes de gratuité prises sur le Web, qui ont conduit à la mort de nombreuses start-up, étaient irréversibles. Mais contre toute attente, la tendance pourrait finalement se retourner. C'est en tout cas la principale conclusion de Jupiter Research, un cabinet de conseil sur Internet, auteur d'une étude sur le sujet.Peu à peu les comportements changent: en Europe, tandis que, voici un an, 47% des internautes ne se disaient pas prêts à payer du contenu sur le Net, ils ne sont plus que 41% cette année. Ce n'est donc pas un véritable renversement des habitudes, comme le confirme l'analyste de Jupiter, Olivier Beauvillain, mais un signe d'amélioration de l'attitude des internautes. "C'est positif sur le long terme", précise-t-il. En 2002, les internautes européens ont dépensé 337 millions d'euros pour du contenu. Un chiffre en apparence plus qu'honorable. Mais la performance doit être relativisée: 60 à 70% de ces dépenses ont été consacrées au contenu "pour adultes"... Le reste de la somme - entre 100 et 134 millions d'euros - a servi à acquérir en particulier des jeux, et dans une moindre mesure de la musique, de la vidéo, de l'information (surtout du contenu spécialisé et des archives). Ce n'est donc pas pour rien qu'une fois le gâteau partagé entre l'ensemble des sites de contenus dans les quinze pays européens, les parts de chacun sont si minces.Qu'à cela ne tienne, le marché est promis à une forte croissance ces cinq prochaines années. Jupiter table sur un chiffre d'affaires européen de 2,5 milliards d'euros en 2007, ce qui correspond à une hausse annuelle moyenne d'environ 50%. L'institut s'appuie aussi sur la croissance du nombre d'abonnés, en particulier dans le haut débit, qui favorise l'achat sur la Toile.Le véritable déclencheur des habitudes d'achats résidera dans la diversité des moyens de paiements proposés par les sites, précise l'étude, qui s'appuie sur une enquête réalisée en Europe de l'Ouest (France, Italie, Espagne, Suède, Grande-Bretagne et Allemagne). Pour Olivier Beauvillain, il existe une forte demande de la part des internautes pour les plates-formes permettant une facturation unique. Ainsi prend-il en exemple Wanadoo et son système de facturation réunissant l'ensemble des dépenses effectuées sur le site dans le mois. "Cela favorise l'achat d'impulsion et cela permet de vendre des contenus à petits prix, ce qui est actuellement difficile", assure-t-il. La filiale de France Télécom propose actuellement à la vente aussi bien un service de météo professionnelle que des bases de données, des sonneries, des logos et des horoscopes personnalisés. D'ailleurs, Wanadoo assure avoir enregistré 800.000 transactions sur ce service.Le jeu devrait se tailler la part du lion: les internautes - des 15-24 ans - seraient en effet prêts à dépenser entre 100 et 150 euros par an. Autre créneau d'avenir, l'information. Et pour cause: alors qu'il était encore inimaginable de la faire payer il y a à peine un an, tous les sites ou presque font actuellement payer la plus grande partie de leur contenu. Le Monde, par exemple, a lancé le "Desk" à 5 euros par mois, et son offre aurait conquis à ce jour entre 20.000 et 25.000 abonnés, selon Olivier Beauvillain. Pour l'institut, les contenus musicaux ont également du potentiel. Il y a un an, 16% des internautes étaient prêts à payer pour des chansons, ils seraient 19% aujourd'hui. Difficile pourtant de croire au décollage rapide du marché: un an après leur lancement, les plates-formes Pressplay et Musicnet n'ont pour l'instant pas publié de chiffres, tandis que les logiciels de peer-to-peer pirates tels que Kaaza ou Aimster conservent un succès intact. L'avènement du haut-débit devrait enfin permettre à la vidéo de décoller. Olivier Beauvillain cite en exemple RealOne, un service créé par Real Networks et proposant pour 10 dollars par mois les contenus de CNN, du base ball, des émissions de télé réalité comme le live de Big Brother. Fin octobre, 850.000 personnes avaient souscrit à l'offre.
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