Le rachat de Pharmacia à peine digéré, Pfizer se lance dans une nouvelle offensive avec, cette fois, les biotechnologies en ligne de mire. Lundi matin, la première firme pharmaceutique mondiale a annoncé qu'elle rachetait la biotech américaine Esperion Therapeutics pour 1,3 milliard de dollars (1,05 milliard d'euros environ). Pfizer a proposé de payer intégralement en cash 35 dollars par action Esperion Therapeutics, soit une prime de 54,2% par rapport à la clôture de vendredi. Pour les fondateurs d'Esperion, la boucle semble bouclée. Ces derniers avaient en effet participé au développement du Lipitor avant de quitter Pfizer pour fonder leur propre firme et lancer la recherche sur l'ETC-216. En fait, Pfizer achète surtout un produit en achetant cette firme. Ce médicament, actuellement développé par Esperion sous le nom ETC-216, est un produit révolutionnaire de lutte contre le cholestérol. Schématiquement, il utilise le "bon cholestérol" pour lutter contre le "mauvais cholestérol" et réduire ainsi le risque de maladies cardio-vasculaires. L'ETC-216, aurait, selon Pfizer, obtenu des "résultats encourageants" lors des essais cliniques de la phase II de son développement. Avec cette acquisition, le groupe américain entend donc rester à la pointe de la lutte contre le cholestérol. Un secteur où il est actuellement leader avec le Lipitor, son médicament vedette (2,5 milliards de dollars de ventes au troisième trimestre, en hausse de 22% sur un an). L'opération, la plus élevée dans le secteur des biotechs cette année, n'est donc pas disproportionnée. "Les médicaments sont aujourd'hui devenus suffisamment rares pour justifier l'achat de sociétés dans leur entier", résume Lloyd Kurtz, analyste chez Harris Bretall Sullivan and Smith à New York cité par Bloomberg. Les grands laboratoires pharmaceutiques voient donc de plus en plus dans l'achat de biotechs un moyen de renforcer leur flux de produits en développement (pipe-line) sans se ruiner. Les meilleures conditions économiques et des firmes encore bon marché font le reste et laissent présager une vague de rachat dans le secteur. Et la volonté de Pfizer de prendre pied dans le milieu des biotechs a été renforcée ce lundi avec l'annonce d'un accord avec l'allemand MorphoSys. La firme américaine utilisera les bases de données développées par l'Allemand pour lancer de nouveaux produits. Le montant de l'accord est modeste (50 millions d'euros), mais il permet à MorphoSys de survivre et à Pfizer de disposer d'une collection de molécules fort utile pour son futur pipe-line. A Francfort, l'action MorphoSys gagnait 15,4% en fin de séance. A New-York, en milieu de séance, le titre Pfizer progressait de 0,9%.

latribune.fr

20 Oct 2008, 1:08

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