Le marché redoute la fuite des clients d'Alstom plus que celle des banques

Depuis hier, le mot faillite circule de nouveau à propos d'Alstom. Un non définitif de Bruxelles concernant l'aide apportée par l'Etat au groupe industriel pourrait remettre en cause le plan de refinancement annoncé cet été et sans lequel Alstom ne pourra en effet pas faire face à ses échéances. Aux côtés des banques, l'Etat prévoyait d'injecter 300 millions d'euros sous forme de capital, de souscrire pour 300 millions d'obligations remboursables en actions et de garantir 65% d'une ligne de crédit de 3,5 milliards. Or, sans la sécurité qu'apporterait la présence de l'Etat dans ce plan de sauvetage, les banques pourraient se montrer réticentes à soutenir le groupe.Pourtant, la communauté financière ne paraît pas particulièrement alarmée. D'abord, parce qu'il reste encore une chance d'aboutir à un accord, même si le gouvernement a manifesté son "extrême inquiétude". Certains estiment en effet que Mario Monti ne prendra pas le risque de porter la responsabilité de la mort d'Alstom. "Tout le monde a intérêt à trouver un compromis", remarque un analyste contacté par Reuters.Ensuite parce que l'absence de l'Etat "n'empêche pas techniquement le montage d'un plan de restructuration de la dette de nature à éviter une crise de trésorerie", souligne Aurel-Leven.Enfin, et surtout, parce qu'une faillite d'Alstom coûterait très cher aux banques. Certes, celles-ci sont soucieuses d'éviter toute accusation de soutien abusif. Mais "en cas de faillite, les banques risquent de tout perdre. Elles devront donc accepter de réduire leurs ambitions", poursuit l'analyste joint par l'agence de presse.Il faut dire qu'au-delà de l'endettement net de près de 5 milliards d'euros que comptabilisait le groupe au printemps, les experts estiment à quelque 12 milliards les sommes qui seraient exigibles en cas de faillite. "Le dépôt de bilan est juridiquement possible mais en pratique ce serait trop dangereux", confirme-t-on dans une banque.Reste que la faillite pourrait avoir une tout autre origine. Et c'est bien là le point qui inquiète le plus le marché. Depuis que les difficultés d'Alstom sont connues, les clients fuient. Dès le mois d'août, le groupe n'a pas caché qu'il avait plus de mal à enregistrer des commandes. "Quand vous commandez un tramway ou un paquebot, vous préférez être sûr que le constructeur sera encore en vie l'année d'après", a expliqué à La Tribune un proche de l'entreprise. Un exemple: seuls trois contrats ont été annoncés depuis juillet, contre presque 20 pour la même période en 2002 (voir ci-contre). "La simple anticipation de la faillite peut suffire à la provoquer pour peu qu'elle se généralise", résume-t-on chez Aurel-Leven.De même que l'action hier, les obligations 2006 du groupe, tombées jusqu'à 77% du nominal, ont été suspendues aujourd'hui jusqu'à nouvel ordre.
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