Gros temps sur l'industrie française

L'économie française continue de s'enfoncer dans la morosité. Trois chiffres publiés vendredi semblent le confirmer. Le plus inquiétant est sans doute le chiffre de la production industrielle. L'indice de production de l'ensemble de l'industrie a reculé de 1,4% en mai sur un mois. Sur un an, le recul est de 0,5%. Mais le plus inquiétant est que la production manufacturière (chiffres de l'industrie hors énergie et alimentation) glisse sur ce même mois de mai de 1,7%. Il s'agit de la plus forte baisse depuis août 2002. Sur un an, la production manufacturière a désormais reculé de 0,4%.Ce chiffre est d'autant plus préoccupant que le glissement frappe de plein fouet le secteur des biens de consommation, dont la production recule sur un mois de 3,5%. Preuve, s'il en était encore besoin, que les consommateurs ont décidé de freiner leurs dépenses. Et le phénomène s'amplifie: en avril, la production de biens de consommation avait reculé de 1,5% seulement. Et ce n'est pas le léger rebond de la production automobile (+0,9% sur un mois après une baisse de 0,1% en avril) qui suffira à rassurer.Evidemment, ce ralentissement de la consommation n'est pas fait pour redonner le moral aux industriels, qui continuent à réduire leurs dépenses et leur production. En conséquence, les baisses de la production de biens intermédiaires (-2,1% en mai après une baisse de 0,5% en avril) et de biens d'équipement (-0,9% en mai après -0,4% en avril) s'accélèrent fortement. Des données de bien mauvaise augure pour l'économie française qui voit lentement son industrie s'installer dans la récession. Une situation d'ailleurs confirmée par les chiffres provisoires de l'inflation pour juin. Certes, les apparences sont sauves puisque les prix ont progressé de 0,2% sur un mois, ramenant l'inflation annuelle au niveau des 2%. Un chiffre qui met fin à deux mois consécutifs de baisse des prix. Mais il ne s'agit bien que d'apparence. Car, comme le souligne l'Insee dans son communiqué, "la hausse accentuée des produits frais (+4,8%) contribue pour moitié à la hausse de l'indice d'ensemble des prix à la consommation".En revanche, la faiblesse de la demande en produits manufacturés est patente et confirmée. Les prix de ces produits baissent ainsi de 0,1% sur un mois, après une stabilisation en avril. Seul le secteur des services semble donc sauver l'économie française. La demande y est encore suffisante pour maintenir une hausse des prix assez soutenue (+0,3% sur un mois et +2,9% sur un an). Cette vivacité des services (2/3 de l'économie française) est en tout cas particulièrement rassurante. Mais les services tiendront-ils encore longtemps ? Dernière preuve de cette lente descente aux enfers de l'industrie française, le chiffre du commerce extérieur. L'excédent commercial français se réduit légèrement en mai, passant de 492 à 338 millions d'euros, soit une baisse de 6,3%. Mais l'essentiel n'est pas là. Il réside dans le fait inquiétant que les exportations comme les importations reculent significativement, autour de 7,5%, signe évident d'une contraction de l'activité française. La consommation reculant dans toute l'Europe, la demande industrielle étant morose en France et chez nos grands partenaires économiques, les flux d'échange se sont naturellement taris.Certes, le mois de mai est marqué par une activité plus faible compte tenu des "ponts" et jours fériés. Mais il n'en reste pas moins que ces congés n'expliquent pas l'ampleur du ralentissement industriel qui semble toucher la France. Nul doute alors que les chiffres de la croissance devraient mettre en évidence cette nouvelle faiblesse de l'économie hexagonale.
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