Bayer se sépare de la chimie

Que va-t-il rester de Bayer ? "La division Chimie et certaines activités Polymères vont être scindées du groupe et réunies au sein d'une nouvelle entité provisoirement baptisée NewCo": le communiqué du groupe de Leverkusen était attendu depuis que, vendredi matin, le Handelsblatt, puis Bloomberg, avaient rendu publique l'information. Après la réunion d'un conseil de surveillance extraordinaire, le groupe a donc décidé de confirmer ces fuites. La nouvelle entité qui va acquérir son indépendance ne pèsera pas moins de 5,6 milliards d'euros de chiffre d'affaires, soit plus de 19% des ventes annuelles de Bayer dans son ensemble. Elle devrait reprendre 1,5 à 2 milliards de dettes de la maison-mère. Elle sera dirigée par un membre du conseil de surveillance de Bayer, Axel Claus Heitmann, et sera introduite en Bourse d'ici à début 2005. Aucun chiffre n'a pour le moment été évoqué. Finalement, c'est donc la chimie qui est sacrifiée. Jusqu'ici, et depuis l'affaire Baycol en 2001, chacun s'attendait à ce que le groupe se sépare de sa division pharmaceutique. Le président du groupe, Werner Wenning, l'avait d'ailleurs confirmé en novembre 2002. Aujourd'hui, il affirme que Bayer renonce à la recherche d'un partenaire dans la santé. Il est vrai que depuis deux ans, Bayer a été incapable de trouver un repreneur ou même un partenaire. Et depuis un mois, des rumeurs avaient déjà laissé entendre que le spin-off pourrait ne pas concerner la pharmacie. Le fait est que cette dernière branche a fait de beaux progrès depuis deux ans. Les règlements à l'amiable dans l'affaire Baycol se multiplient et la stratégie du groupe dans ce domaine s'est révélée payante. Par ailleurs, avec le lancement, en collaboration avec GSK, du Lipitor, un concurrent très sérieux au Viagra, Bayer dispose d'un nouvel atout de poids dans la pharmacie. A l'inverse, la chimie ne parvient toujours pas à sortir de l'ornière: euro fort et faible demande pèsent sur ses comptes.Bayer devrait donc prendre un nouveau visage, centré sur l'agrochimie et sur la santé. "Nous pourrons dès lors nous concentrer plus intensément sur ces coeurs de métiers", proclame à présent Werner Wenning. Les nouveaux coeurs de métiers étant les deux activités susnommées, à laquelle s'ajouteront certaines divisions Polymères et deux entités chimiques qui seront conservées : HC Stark et Wolff Walsrode. Notons cependant qu'il s'agit d'une véritable révolution sur les bords du Rhin, car Bayer fait partie du patrimoine chimique allemand. Mais le groupe est aussi historiquement un laboratoire pharmaceutique: il a inventé l'aspirine. Evidemment, ce recentrage plaît énormément aux marchés. L'indécision qui pesait sur le groupe handicapait en effet le titre. Et, il faut le rappeler, les opérateurs préfèrent les "pures players". Le titre Bayer a fini vendredi en tête du Dax-30 avec une hausse de 6,9%.
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