Parmalat au bord du gouffre

L'affaire Parmalat prend progressivement un tour plus judiciaire. Alors que chacun attend d'un moment à l'autre la mise sous tutelle judiciaire du premier groupe agroalimentaire italien, le parquet de Milan a annoncé que le fondateur de Parmalat, Calisto Tanzi, a été placé sur la "liste des personnes sous enquêtes". Cette inscription est la première étape vers une possible mise en accusation. Calisto Tanzi est l'ancien président mythique du groupe. Il est celui qui a monté la stratégie très agressive d'acquisitions du groupe et les placements off-shore douteux qui l'ont accompagnée. L'agence de presse italienne Ansa a par ailleurs précisé que deux autres collaborateurs de la firme ont été placés sur cette même liste. Il s'agirait de deux anciens directeurs financiers du groupe, Alberto Ferraris et Luciano del Soldato. Ansa précise que ces personnes ont "signé de faux bilans de la société". Un peu plus tôt dans la journée, le procureur de Milan, Angelo Curto, avait indiqué que "des faux dans les comptes de Parmalat étaient évidents". Avant d'ajouter : "Bonlat (la filiale de Parmalat aux Iles Caïmans, qui présentait une fausse position de liquidités, ndlr) n'est qu'un exemple parmi les multiples manipulations de bilans" de Parmalat.Les autorités italiennes ne semblent donc pas décidées à rester passive sur ce dossier qui, comme l'a déclaré le Premier ministre transalpin Silvio Berlusconi, "décrédibilise l'économie italienne". Ce dernier avait indiqué qu'il ne laisserait pas couler corps et biens ce géant de l'industrie nationale. Mais Rome marche sur des oeufs car la Commission européenne a fait savoir dans un communiqué qu'elle entendait bien être consultée en cas d'intervention de l'Etat. Histoire de ne pas voir se renouveler l'affaire du plan de sauvetage d'Alstom élaboré par le gouvernement français...Pendant ce temps, les nouvelles équipes de Parmalat essaient de trouver une porte de sortie acceptable. On se dirige sans doute vers une mise sous tutelle judiciaire qui pourrait prendre deux formes. Soit celle d'une "administration contrôlée" visant sous la tutelle d'un administrateur judiciaire à ramener rapidement une situation stable. Soit celle dite de la "loi Prodi-bis" qui devrait mener à la cession par appartements du groupe. Un conseil d'administration extraordinaire a été convoqué pour mardi après-midi et le cabinet d'audit PricewaterhouseCoopers examine en ce moment à la loupe les comptes du groupe pour évaluer le montant des dégâts. Selon plusieurs sources, il pourrait manquer entre 7 et 10 milliards d'euros au groupe émilien. Dans tous les cas, le temps presse. Car les échéances sont là. Parmalat devait en effet honorer aujourd'hui un paiement de 400 millions d'euros correspondant au rachat d'une part minoritaire dans une filiale brésilienne. L'échéance était théoriquement fixée à mercredi dernier, mais le paiement avait été repoussé à aujourd'hui. Ce premier défaut de paiement avait amené vendredi S&P à dégrader à "D" la note de la dette du groupe. Lundi, en fin d'après-midi, Parmalat a annoncé dans un communiqué que "des négociations sont toujours en cours" pour repousser l'échéance de ce rachat.Evidemment, en attendant, cette journée est encore une journée noire en Bourse pour les banques transalpines impliquées dans le dossier. Ainsi Capitalia, qui serait exposée pour 362 millions d'euros, reculait de 5,6% en fin de séance, tandis que les autres établissements ayant accordé plus de 300 millions d'euros au groupe de Parme reculaient fortement : Banca Intesa (-3,1%), San Paolo-IMI (-3,6%) ou encore Banca Popolare di Lodi (-3,1%). En revanche, les banques américaines comme Citigroup ou Bank of America, qui pourraient chacune avoir acordé jusqu'à un milliard d'euros de crédit à Parmalat, n'étaient pas sanctionné à New-York. Autour de la mi-séance, les titres étaient stables. A noter enfin qu'en fin de séance, l'action Parmalat a été cotée pour quelques minutes. Et, comme vendredi, le titre a encore perdu deux tiers de sa valeur à 11 centimes d'euros contre 30 vendredi. En une semaine, l'action Parmalat a perdu 89,6%.
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