20,7 milliards d'euros de pertes pour France Télécom

Le chiffre restera inscrit dans les annales: France Télécom vient d'annoncer au titre de l'exercice 2002 la plus forte perte jamais publiée par une société française, soit 20,7 milliards d'euros. L'opérateur avait annoncé fin février que son déficit serait compris entre 18 et 21 milliards d'euros en raison des provisions, mais le niveau de pertes publié mercredi matin est bien supérieur au consensus des analystes interrogés par Reuters, qui attendaient un résultat négatif de 18,75 milliards d'euros. En 2001, la perte était 8,3 milliards d'euros.Le groupe a inscrit dans ses comptes des provisions pour dépréciations d'actifs plus importantes que prévu. Montant total de ces éléments exceptionnels: 18,75 milliards d'euros, dont 7,29 milliards sur MobilCom, 1,66 milliard sur NTL, 4,37 milliards sur Equant et 1,63 milliard sur ses 26,6% de Wind. FT a d'ailleurs précisé ce matin qu'il avait placé sous "revue stricte" cette dernière participation. Il n'exclut pas sa cession si l'opérateur mobile ne restaure pas sa situation financière. Mais Thierry Breton envisage également d'exercer l'option lui permettant de monter à 44% dans le capital de l'opérateur italien début 2004. Des discussions ont été engagées avec l'actionnaire majoritaire de Wind, Enel, afin de trouver des solutions.Le reste des résultats ne présente pas de surprise particulière, même si les chiffres sont supérieurs aux pronostics des professionnels des marchés, grâce à Orange (lire ci-contre). L'Ebitda ressort à 14,92 milliards d'euros, soit une progression de 21,1% en un an. Le chiffre est légèrement supérieur au consensus des analystes (14,7 milliards d'euros). L'excédent brut d'exploitation des activités Fixes en France est de 7,38 milliards d'euros. Un chiffre certes en ligne avec les attentes mais qui ne masque pas le déclin continu des communications fixes: dans l'Hexagone, l'Ebitda de cette division a reculé de 6,5% en un an.Le résultat d'exploitation total atteint 6,81 milliards d'euros, une performance moins élevée que l'attente moyenne des analystes interrogés par Reuters (7,08 milliards d'euros). L'endettement du groupe a bien été ramené à 68 milliards d'euros fin décembre. Pour 2003, France Télécom a confirmé ses prévisions d'une croissance comprise entre 3 et 5%, après une hausse de 2,9% en 2002. Il maintient aussi son objectif de hausse à deux chiffres de l'excédent brut d'exploitation (l'Ebitda) et du bénéfice d'exploitation. Comme précédemment annoncé, FT a confirmé qu'il dégagerait plus de 3 milliards de cash-flow, voire 4 milliards, cette année. Cette somme doit lui permettre d'atteindre les objectifs du plan siglé TOP, selon lequel le groupe veut réduire sa dette de 15 milliards d'euros en trois ans, grâce à sa rentabilité. Dans le cadre du plan, le groupe prévoit de réduire ses investissements pour les faire passer sous les 7 milliards d'euros en 2003, en ligne avec les attentes. Autre mesure: FT veut dégager "3,5 milliards d'économies minimum" d'ici 2005 sur les achats. En outre, France Télécom cèdera pour 1 milliard d'euros d'actifs, a-t-il précisé, lors de sa conférence de presse, sans plus de précisions. "Nous ne voulons pas indiquer quels sont les actifs que nous voulons vendre. Nous procédons actuellement à une revue stratégique de nos actifs" en vue d'un redressement ou d'une vente pour les moins rentables, a déclaré Franck Dangeard.Ces précisions sommaires sur le plan TOP ne satisfont pas encore tout à fait la société de Bourse Aurel Leven. Pour tenir ses objectifs de cash-flow, le groupe s'est fixé un objectif d'Ebitda de 20 milliards d'euros en 2005. Or, jusqu'ici le consensus des analystes de Jacques Chahine Finance plafonne à 18,48 milliards. Manque de précision sur l'augmentation de capitalEnfin, l'opérateur, qui s'exprimait ce matin devant les journalistes, n'a pas apporté de nouvelle information sur le projet d'une augmentation de capital de 15 milliards d'euros. Franck Dangeard, de la direction financière du groupe, a répété le plan présenté par Thierry Breton à la presse le 4 décembre dernier. A savoir que le groupe disposait de trois fenêtres de tirs pour cette opération: avril-juin, automne 2003 ou printemps 2004. "Le groupe travaille toujours sur les trois calendriers déjà annoncés, et à ce stade, nous n'avons pas encore de calendrier, et pas encore choisi nos banques conseil", a confirmé le responsable de la stratégie financière.En dépit des démentis, FT pourrait rapidement donner le coup d'envoi à l'opération. C'est en tout cas ce qu'espèrent les analystes. En effet, même si le climat boursier n'est pas favorable, ces derniers craignent que la situation ne soit encore plus dégradée dans quelques mois, si une guerre en Irak devait plonger les marchés dans une spirale baissière de longue durée. De ce point de vue, les propos de Franck Dangeard les laissent sur leur faim.A Paris, le titre baisse de 2% en clôture à 18,62 euros.
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