Les 10 ans qui ont fait la téléphonie mobile

Par latribune.fr  |   |  596  mots
Dix ans: cet anniversaire au chiffre rond a été ce matin propice à une séance d'autocongratulation pour l'Association française des opérateurs mobiles (l'AFOM), qui revenait sur une décennie de communications mobiles. Avec en préliminaire l'origine du GSM. Contrairement à l'idée reçue, le sigle GSM n'est pas anglais mais français. Inventé "au fond d'un bureau du Centre National d'Etudes des Télécommunications (CNET) en 1982, mais qui s'en souvient?", rappelle Didier Quillot, directeur général d'Orange, qui a pris la présidence de l'AFOM pour une durée de deux ans, il signifie Groupe Spécial Mobiles. Ce n'est que plus tard, lorsqu'il a été adopté comme standard par la plupart des opérateurs de téléphonie mobile, qu'il est devenu le Global System for Mobile.Il convient de se pencher sur le secteur, car en dix ans, c'est celui qui a connu "la croissance la plus forte de tous les secteurs industriels du XXème siècle", a affirmé le président de l'AFOM, René Russo. De fait, les ambitions que les opérateurs avaient en 1991 pour l'avenir de la téléphonie mobile ont été largement dépassées. A l'époque, ils espéraient convaincre 4 millions d'abonnés pour 2000. Au vu du progrès technologique, ils pensaient pouvoir créer un combiné mobile pesant moins de 2 kilos, contre 5 en 1991, et valant moins de 6.000 francs.Bilan 12 ans plus tard: 38,6 millions de Français possèdent un portable, c'est-à-dire 64% de la population. Un appareil pèse 100 grammes et coûte environ 228 euros hors offre de subvention particulière. Les trois opérateurs ont réussi en à peine 10 ans à couvrir 99% du territoire. Enfin, le prix des communications a été divisé par cinq en dix ans et celui des terminaux par trente. Une telle croissance a bien sûr eu un prix. Les opérateurs ont massivement investi: pas moins de 58,6 milliards d'euros en 10 ans, soit "une croissance moyenne annuelle des dépenses de 27% sur la période contre 3% pour le PIB", estime l'étude présentée par l'AFOM. En tout, les trois opérateurs ont généré un chiffre d'affaires cumulé de 68,8 milliards d'euros, une valeur ajoutée cumulée de 8,3 milliards d'euros. Ils employaient 21.000 personnes fin 2002. Selon l'étude présentée par l'AFOM, ces investissements ont eu des effets directs positifs sur les fournisseurs de premier rang (les équipementiers, par exemple), dont l'effectif était de 100.000 salariés fin 2002. En tout, le secteur de la téléphonie mobile (effets indirects compris) employait 205.000 personnes fin 2002. Ces chiffres éloquents ne mentionnent toutefois pas l'ensemble des pertes accumulées et ne dressent pas le bilan des coupes franches qui ont eu lieu dans le secteur ces deux dernières années.Ombre au tableau, la téléphonie mobile est un secteur cyclique, selon l'aveu même des membres de l'AFOM. Les trois opérateurs ont en effet mis dix ans à générer des cash-flows cumulés positifs, le retour sur investissement ayant été atteint en 2002-03. Mais entre temps, le cycle a commencé à se retourner, la croissance de l'industrie ayant commencé à ralentir en 2001-2002, affirme Didier Quillot. Pour relancer la machine, les opérateurs, même s'ils ne repartent pas de zéro, se préparent donc à réinvestir dans de nouveaux services et des réseaux afin de donner un coup de fouet à la demande. En conséquence, l'étude de l'AFOM prévoit que les cash-flows cumulés vont retomber dans le rouge dès 2005 et ce pour une période d'encore 10 ans...