Un élargissement prématuré

Il ne pourrait certes en être autrement. Avec la signature du traité d'Athènes, le 16 avril dernier, les Quinze ont donné leur accord formel à l'élargissement de l'Union à huit pays d'Europe centrale et orientale, ainsi qu'à Chypre et Malte. Ils ne peuvent par conséquent revenir sur cet engagement.Ce n'est pas pour autant qu'ils doivent se priver d'en souligner les dangers. Accroître d'un coup son territoire de 34% et sa population de 105 millions de personnes est un bond sans précédent dans l'histoire de l'Europe communautaire. Un langage franc et direct est donc de rigueur. C'est celui qu'emploiera demain le commissaire à l'élargissement Günter Verheugen à l'occasion de la publication ce mercredi 5 novembre d'un rapport de plusieurs dizaines de pages pour chaque futur membre.La Pologne, qui abrite à elle seule la moitié de la nouvelle population de l'UE, se verra reprocher "neuf problèmes graves" et sera appelée à prendre des actions "décisives et immédiates" pour les résoudre, rapportaient hier nos confrères du "Monde". Mais elle est loin d'être la seule. La Slovaquie, la Hongrie seront vertement rabrouées. Aucun des dix n'aura droit à un satisfecit sans fausse note.Même si l'adhésion en tant que telle n'est pas en cause, de tels avertissements ne sont pas gratuits. Au sens littéral du terme, d'abord, car les efforts fournis conditionneront le substantiel soutien financier que l'Union entend accorder à ses nouveaux membres. Il en résultera ensuite, si l'on ose dire, le "degré d'adhésion" des uns et des autres. Les lacunes en matière de sécurité alimentaire ne devraient pas leur permettre d'exporter vers les pays de l'Union aussi aisément qu'un autre membre. La porosité des frontière devrait les tenir à l'écart de l'espace Schengen, dans un premier temps au moins.A se montrer sévère, à retenir ses financements si nécessaire, l'Europe ne risque-t-elle pas de déclencher la colère chez ceux qui ont lutté si dur pour la rejoindre ? Quand bien même les fonds seraient disponibles, la plupart des dix ne disposent pas encore d'une administration susceptible de les recevoir et de les gérer, observait récemment Günter Verheugen. En d'autres termes, même dans la dernière ligne droite, pour paraphraser un certain Premier ministre, la pente est forte.
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