Incertitudes autour de l'entrée de compagnies américaines dans Yukos-Sibneft

C'est fait. Mikhail Khodorkovski a annoncé que la fusion entre son groupe pétrolier Yukos et celui de Roman Abramovitch Sibneft était "réalisée". L'annonce officielle devrait être faite "tout prochainement". Cette nouvelle ne constitue évidemment pas une surprise, puisque que le gouvernement russe avait autorisé l'opération en août dernier. Le nouveau groupe devrait être la quatrième compagnie pétrolière mondiale.En revanche, celui qui devrait être le patron de la nouvelle entité et qui est considéré comme la première fortune de Russie a démenti tout projet d'entrée dans le capital de Yukos-Sibneft de compagnies américaines. Du moins selon l'agence Interfax qui lui fait dire "qu'il n'y a aucune négociation et aucun accord". Car selon l'agence Ria-Novosti, Mikhail Khodorkovski est moins catégorique. "Il n'y a à l'heure actuelle aucun accord, et le groupe ne fait aucun commentaire sur les discussions avec de grands partenaires étrangers", aurait-il déclaré. De quoi laisser planer un doute sur d'éventuelles négociations.Hier soir, le site Internet du Financial Times avait affirmé qu'ExxonMobil négociait son entrée dans ce nouveau géant à hauteur de 40% du capital. Jusqu'ici, des rumeurs couraient aux Etats-Unis concernant une prise de participation de 25% de ChevronTexaco dans Yukos-Sibneft. Le 18 septembre dernier, un homme d'affaires russe, Igor Yurgens, avait confirmé que "deux compagnies américaines" étaient en négociation avec les dirigeants de Yukos. D'ailleurs, du côté d'ExxonMobil, si l'on dément également toute négociation, on précise que le groupe "demeure intéressé par de futurs investissements en Russie". Là encore, toute ambiguïté n'est pas levée. D'autant plus que le PDG d'ExxonMobil est actuellement à Moscou pour une réunion du Forum économique mondial.Il ne s'agit donc peut-être pas de la fin du feuilleton Yukos. Après l'annonce de la fusion au printemps dernier, les relations entre Mikhail Khodorkovski et le Kremlin avaient pris un tour dramatique. Le banquier de Yukos avait été ainsi été mis en garde à vue en juillet. Or, le Kremlin pourrait voir d'un mauvais oeil la cession d'une partie des actifs pétroliers du pays aux Américains. Surtout après la prise de participation majoritaire de BP dans le second pétrolier du pays, TNK (lire ci-contre). D'ailleurs, pour bien montrer sa détermination à garder le contrôle sur cette affaire, le Kremlin a ordonné aujourd'hui même la perquisition d'un local de Yukos près de Moscou. Du matériel informatique aurait été saisi.Dans la perspective des élections législatives en décembre et présidentielles en mars, il est peu probable que le Kremlin donne le feu vert (qui est absolument nécessaire) à une telle entente. Sauf à donner du grain à moudre à l'opposition communiste ou nationaliste... "Une bénédiction politique avant les élections est peu probable", confirme ainsi un expert du marché russe à l'AFP. Ensuite, Moscou souhaitera peut-être envoyer un message fort aux investisseurs étrangers en autorisant une alliance entre Yukos-Sibneft et une "major" américaine.
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