latribune.fr- L'alliance dans la téléphonie mobile (voir ci-contre) que viennent de conclure l'Italien TIM, l'Espagnol Telefonica Movile et l'Allemand T-Mobile vous paraît-elle pertinente ?Terry Nguyen- C'est principalement au niveau du "roaming" [NDLR : accord d'échange de trafic entre opérateurs] que je vois un intérêt dans l'immédiat. Les trois opérateurs vont pouvoir donner des tarifs connus à l'avance et uniformisés comme c'est déjà le cas chez Vodafone et Orange. Le reste est encore très flou.Ils comptent attirer de nouveaux clients. Mais ne vont-ils pas souffrir d'un déficit d'image face à Vodafone qui propose une marque unique ?Bien que l'aspect marque puisse être un handicap, je ne pense pas qu'il sera très pénalisant dans le cas présent. La marque est un atout dans un marché très éclaté. Mais dans la téléphonie mobile, il y a finalement peu d'opérateurs capables d'offrir un service à l'échelle européenne.Va-t-on vers la constitution de deux blocs avec Vodafone d'un côté et une alliance regroupant ses concurrents de l'autre ?Cette alliance est en effet un premier pas vers la consolidation d'un secteur en surcapacité en Europe. Toutefois, il reste encore de la place pour des alternatives à ces deux blocs. Du moins jusqu'à un allègement des contraintes réglementaires. Pour que des grands ensembles puissent se constituer, il faut des règles communes, par exemple sur les échanges de licences et de capacités dans l'UMTS. Ce qui n'est aujourd'hui pas possible partout. Tant que la législation ne sera pas assouplie, elle freinera les alliances. Quant à Vodafone, après une frénésie d'acquisitions, il semble aujourd'hui vouloir arrêter son expansion et se concentrer sur la gestion. Il donne l'impression d'observer la situation et d'attendre sereinement les attaques des concurrents.Orange est-il, comme cela a été dit, un partenaire potentiel au renforcement de la nouvelle alliance ?La stratégie initiale d'Orange était de concurrencer directement Vodafone. Depuis, il a été contraint pour des raisons d'endettement de sa maison-mère de sortir d'Allemagne et d'Italie et n'a plus les moyens de ses anciennes ambitions. Pour autant, je n'en fais pas un candidat idéal à une alliance avec TIM, Telefonica Movile et T-Mobile. D'ailleurs, à mon sens, le but de l'alliance n'était pas de lancer un appel à Orange mais bien de le concurrencer en même temps que Vodafone. Un partenariat avec Orange conduirait nécessairement à des doublons sur les marchés néerlandais et britannique. Pour l'alliance, mieux vaut viser des groupes à l'implantation plus localisée comme Portugal Telecom ou TeliaSonera.Peut-on en déduire que Bouygues serait plus intéressant qu'Orange pour TIM, Telefonica Movile et T-Mobile ?Sur le marché-clé que reste la France (à part Orange aucun des leaders européens n'y est présent), les trois partenaires auraient tout intérêt à se rapprocher d'un groupe avec lequel ils ne risquent aucun conflit d'intérêt dans d'autres pays. C'est pour cette raison que Bouygues Télécom, plus qu'Orange, serait effectivement un bon partenaire pour TIM, Telefonica Movile et T-Mobile. Rappelons enfin pour ce qui est de SFR que malgré le dénouement des liens capitalistiques, il collabore toujours avec Vodafone.Ce remodelage progressif du secteur offre-t-il d'ores et déjà des opportunités en Bourse ?La redistribution future des cartes va à coup sûr offrir des opportunités. Cependant, toujours en raison des contraintes réglementaires, il est trop tôt pour voir de vraies améliorations dans ce secteur en surcapacité. Pour l'instant, je reste donc neutre sur les opérateurs mobiles. En outre, même si les marchés semblent ne pas s'en préoccuper, il y a selon moi un facteur à ne pas négliger : les autorités médicales pourraient très bien dans les prochaines années considérer officiellement que l'utilisation des mobiles induit un risque pour la santé. Reste tout de même l'espoir pour le secteur d'une vraie reprise des marchés boursiers. Dans ce cas, les investisseurs reviendraient certainement sur l'ensemble des opérateurs sans trop opérer de distinction.

latribune.fr

20 Oct 2008, 1:59

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