Le pas de deux de la Générale

Les actionnaires de la Société Générale ont certainement eu du mal à en croire leurs oreilles. Depuis quatre ans, le PDG de la banque, Daniel Bouton, ne cesse de leur répéter que l'établissement a les moyens de son indépendance et que la sacro-sainte création de valeur (un terme fourre-tout qui a l'avantage de bien sonner aux oreilles des dits actionnaires) n'est pas synonyme de mariage. Dans le même temps, cela n'a pas empêché Daniel Bouton de tenter un assaut sur Paribas, de refuser les avances de la BNP et de rater son entrée au capital du Lyonnais. Tant et si bien que jusqu'à présent, tout le discours sur le développement solitaire, même créateur de valeur, apparaissait surtout comme une façon assez pudique de jeter le voile sur ces échecs. Or, voilà que le même Daniel Bouton, devant ses actionnaires réunis en assemblée générale, s'est tout de go dit disposé à participer aux restructurations bancaires en Europe. Certes, pour être acceptable, une telle opération devrait créer de la valeur (mais qui oserait proposer à ses actionnaires une opération destructrice de valeur?) et ses risques d'exécution devraient rester "raisonnables"...Beaucoup de conditions, donc, mais l'essentiel est dit : la Générale est mûre pour le mariage. Sauf qu'aujourd'hui, isolée sur son marché domestique et moins bien capitalisée que BNP Paribas, la banque de Daniel Bouton fait plus figure de cible que de prédateur. Certes, la Banque de France veille et, à l'exception du CCF, aucune banque française n'est passée sous un pavillon étranger. Certes, encore, croulant sous les créances douteuses les banques allemandes ont d'autres soucis, tandis que leurs homologues italiennes digèrent les crises argentine et brésilienne. Peut-être est-ce cette absence de prétendants qui rend Daniel Bouton si peu réticent à un mariage dont il écartait l'idée il y a encore peu de temps. A moins qu'il n'ait déjà une petite idée en tête. Il ne faudrait alors pas qu'il tarde trop longtemps avant de passer à l'action. Une stratégie transparente, c'est encore le meilleur moyen de créer de la valeur, et conserver la confiance de ses actionnaires.
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