Le puzzle international d'Orange

Orange est de nouveau sur des rails. Seul un bilan à plusieurs mois de l'oeuvre de Solomon Trujillo, son nouveau patron, permettra de savoir si ceux-ci sont les bons. L'opérateur mobile sort en effet d'une période traumatisante qui l'a vu assister à la débâcle de sa maison mère France Télécom et au départ de la plupart de ses dirigeants historiques. La fusion des activités mobiles de France Télécom au sein d'Orange devait propulser le nouvel ensemble au firmament des opérateurs mobiles européens, voire mondiaux. Or, c'est précisément dans sa dimension internationale qu'Orange a le plus souffert des malheurs de son tuteur. A l'international, son histoire récente a surtout été marquée par son incapacité à compléter son maillage européen en ajoutant d'autres grands pays à ses places fortes que sont la France et la Grande-Bretagne. La piteuse aventure MobilCom s'est soldée par un retrait d'Allemagne où la structuration du marché autour de deux acteurs - T-Mobile et Vodafone - ne permettait de toute façon pas d'espérer grand chose. En Italie, le besoin d'argent d'une part et les difficultés d'imposer sa stratégie d'autre part ont conduit France Télécom à céder Wind et à se retirer de la Botte. Enfin, en Espagne, France Télécom avait, là, raté le coche dès 2000 en n'obtenant pas la licence UMTS qu'il convoitait pour explorer le marché de la Péninsule. Ainsi les mauvaises langues ont-elles beau jeu de souligner que la répartition des clients Orange montre que la France pèse encore presque une moitié du parc des abonnés. Perfides, ceux-ci remarquent que deux ans après le rachat, il est possible de dire qu'en dépensant près de 50 milliards d'euros, France Télécom aura payé le prix fort pour simplement multiplier son parc d'abonnés par deux et pour une place de numéro un du marché britannique. Le tableau pourrait s'arrêter là, mais il faut, pour être juste, mentionner que les actuelles filiales danoise et néerlandaise sont actuellement sur la sellette faute de remplir les critères de rentabilité fixés par la direction de France Télécom. Que reste-t-il donc pour Orange en guise de stratégie internationale ? La perspective d'imiter Vodafone et son réseau paneuropéen est aujourd'hui de l'ordre du rêve. Orange recommence néanmoins à avoir des projets, afin de ne pas se laisser trop distancer. Sol Trujillo a ainsi laissé entendre qu'il pourrait saisir des opportunités de croissance pour de petites opérations, afin notamment de renforcer une position en Europe de l'Est où le groupe est déjà présent en Pologne, en Roumanie et en Slovaquie. Mais surtout, Orange est obligé de revoir sa stratégie de fond en comble. Adieu la vision d'un réseau paneuropéen, bonjour les partenariats. Un peu à l'image des accords d'itinérance entre opérateurs de différents pays, le pragmatisme commande, dans le cas d'Orange, de nouer des alliances commerciales dans les pays où il est absent. La continuité des services comme le permettrait en théorie un réseau unique est à ce prix. C'est pourquoi l'opérateur n'a pu que se joindre à l'initiative commerciale commune des filiales mobiles de Telefonica, Telecom Italia et Deutsche Telekom. Et c'est sans doute l'une des chances d'Orange aujourd'hui : nombreux sont ceux qui sont revenus de l'idée d'internationalisation à tout crin dans les mobiles.
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