Une victoire judiciaire fait bondir l'action Bayer

La recette pour s'offrir un rebond boursier de quelque 40%, quand on est tombé au plus bas? Elle est simple: il suffit de gagner un procès aux Etats-Unis, et de faire apparaître ainsi la possibilité de sortir d'un véritable cauchemar judiciaire. C'est en tout cas ce qui arrive à la firme pharmaceutique allemande Bayer, depuis l'annonce, mardi soir, de son acquittement dans le premier procès intenté contre elle aux Etats-Unis dans l'affaire du Lipobay. En cause: son médicament vedette anticholestérol Lipobay, accusé de causer des troubles musculaires graves et d'être impliqué dans la mort d'une centaine de personnes. Des soupçons qui ont conduit Bayer à retirer le médicament du marché en août 2001.Mais le jury du Texas qui a examiné la plainte déposée par un patient a conclu que Bayer n'était pas responsable et n'aurait à payer aucun dommage et intérêt à l'intéressé, qui réclamait 558 millions de dollars.Cette information a été accueillie avec enthousiasme par les marchés: mardi soir, à Francfort, l'action à Bayer a bondi de la bagatelle de... 40% (avant de se tasser quelque peu mercredi, cédant 7,55%). A Paris, où l'annonce du verdict était arrivée mardi soir après la clôture du marché, le titre gagne 24% mercredi à la clôture, à 13,49 euros. Car les enjeux financiers de l'affaire Lipobay ne sont pas minces. Le médicament était prescrit à six millions de personnes dans le monde lors de son retrait de la vente, et 8.400 plaintes environ ont déjà été déposées contre le laboratoire allemand. Pire encore pour ce dernier, des avocats américains sont en train d'essayer de monter une "class-action" contre lui, qui leur permettrait d'augmenter encore fortement le nombre des plaignants.Du coup, les experts chiffraient ces derniers temps les risques potentiels pour Bayer, qui a déjà versé 140 millions d'euros d'indemnités dans le cadre d'accords amiables, à 10 milliards de dollars... Et l'inquiétude avait été encore avivée quand, lors de la publication de ses résultats, la semaine dernière, Bayer avait affirmé que "si les plaignants obtiennent gain de cause, il est possible que la couverture d'assurance du groupe se révèle insuffisante". Et Bayer n'avait pas contribué à rassurer en précisant que "faute de pouvoir évaluer avec exactitude les montants concernés, la société n'a pas encore passé de provisions à ce titre".Dans ces conditions, le soulagement suscité par l'acquittement d'hier est compréhensible. Un analyste comme Colin Isaac, de JP Morgan, interrogé par Reuters, estime ainsi que ce verdict devrait inciter nombre de plaignants à traiter à l'amiable, ce qui pourrait ramener le montant des risques encourus par Bayer dans la zone des 2 milliards de dollars.Il n'en serait pas moins sans doute quelque peu prématuré de miser sur une disparition des ennuis judiciaires de Bayer aux Etats-Unis. De nombreux autres procès vont se dérouler, dont l'issue demeure parfaitement imprévisible. Dans d'autres cas similaires, des premiers verdicts favorables ont été suivis par des défaites coûteuses. Comme l'a déclaré hier soir l'avocat américain de Bayer, le jugement est certes "encourageant, mais cela ne veut pas dire que nous allons gagner à chaque fois"...
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