Alstom boucle son plan de refinancement

Le plan de sauvetage du groupe Alstom a franchi aujourd'hui une nouvelle étape importante avec l'achèvement de la mise en place de son plan de refinancement. Augmentation de capital, émission obligataire et aides de l'Etat permettent au groupe, qui a frôlé le dépôt de bilan, de rétablir dans l'immédiat sa situation financière. Mais de sérieux obstacles demeurent encore: feu vert de Bruxelles à ce plan de sauvetage, plan de cessions à mener à bien, rétablissement d'un carnet de commandes conséquent...La coïncidence a valeur de symbole: le lendemain même de la livraison de la dernière production de ses chantiers navals, le paquebot géant Queen Mary 2, le conglomérat Alstom, dont les activités comprennent également la fabrication de locomotives ou celle de centrales électriques, voit ses finances remises à flot. Le groupe a en effet annoncé aujourd'hui que son plan de refinancement, élaboré pour lui éviter le dépôt de bilan, a été mis en place comme prévu.Alstom a ainsi pu effectuer son augmentation de capital de 299,9 millions d'euros. La plus grande partie a été souscrite par les banques: BNP Paribas (74,3 millions d'euros), devant le Crédit Agricole (60,5 millions, y compris la part du Lyonnais), la Société Générale et le CIC (51 millions chacun), la CDC, Natexis et le CCF. En ce qui concerne les actionnaires d'Alstom, ils ont reçu gratuitement des bons d'acquisition d'actions, à raison d'un bon par action détenue, qui leur permettront d'acquérir les actions souscrites par les banques, sur la base de 23 actions, au prix de 1,25 euro chacune, pour 27 bons. La période d'exercice de ces bons s'étend jusqu'au 9 janvier prochain inclus. Les actions achetées seront livrées le 19 janvier, date de leur première cotation.Deuxième volet du plan de financement: Alstom a lancé son émission d'obligations remboursables en actions, pour un montant de 901,3 millions d'euros. Sur ce total, 606,3 millions ont été souscrits par les banques garantes de l'émission. Troisième composante du plan, enfin, les aides promises par l'Etat français ont été mises en place pour un total de 2 milliards d'euros. Alstom bénéficie ainsi d'un prêt à cinq ans de 1,5 milliard d'euros et d'une souscription par l'Etat de titres subordonnés, pour 500 millions d'euros, qui seront remboursés en actions dans 15 ou 20 ans. Avec ces différentes mesures, Alstom se trouve donc remis à flot dans l'immédiat. Le groupe n'est cependant pas au bout de ses efforts, loin de là. Ainsi doit-il boucler d'ici mars 2005 la cession de 500 millions d'euros d'actifs qui pourraient concerner de l'immobilier, des participations financières et des actifs non stratégiques. Le groupe a déjà procédé à de considérables cessions d'activités stratégiques, dont sa division Transmission et Distribution à Areva et ses turbines à Siemens. Mais il pourrait être amené, à l'avenir, à pousser encore plus loin ses efforts de restructuration, en vendant, par exemple, ses chantiers navals, ceux-là même qui viennent de livrer le plus grand paquebot du monde.Autre étape importante pour le groupe: l'obtention de l'aval de Bruxelles à son plan de refinancement. On se souvient que la Commission s'était opposée à l'automne dernier à la première version du plan de sauvetage, en raison du soutien jugé excessif apporté par l'Etat français à cette entreprise privée. La nouvelle version du plan est actuellement étudiée par les services de la concurrence de Bruxelles. La Commission devrait rendre son verdict entre avril et novembre prochains. Dernier défi, enfin, pour cet ex-fleuron de l'industrie française: rétablir la confiance de ses clients. Cette question est particulièrement sensible pour un groupe qui fournit des équipements lourds et noue ainsi des relations longues avec ses clients, tant entre la commande d'un matériel et sa livraison que dans les années suivantes, pour les opérations d'entretien. Les craintes sur la survie à court terme d'Alstom ont fait plonger ses carnets de commandes cette année, de 23% sur un an entre avril et septembre. Depuis, la mise en place du plan de refinancement d'Alstom a commencé à restaurer la confiance des clients et à regonfler les carnets de commandes. C'est bien là la condition vitale de succès à long terme des efforts entrepris pour éviter à Alstom l'effondrement final.Mardi, l'action cède 1,53% à la Bourse de Paris, à 1,29 euro.
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