Un tir groupé. Comme cela a été le cas pour Aventis (voir ci-contre), les groupes pharmaceutiques européens qui viennent de publier des résultats trimestriels ont tous atteint - voire dépassé - les attentes des analystes et ont renouvelé leur confiance vis-à-vis de leurs perspectives annuelles de résultats.Ainsi, GlaxoKlineSmith (GSK) a fait état d'un bénéfice avant impôts en hausse de 11%, à 1,774 milliard de livres sterling (plus de 2,5 milliards d'euros), pour un chiffre d'affaires de 5,22 milliards de livres (+2%). Le marché ne visait qu'un bénéfice de 1,52 à 1,66 milliard d'euros pour une fourchette de revenus de 5,01-5,21 milliards de livres. Se félicitant de ses "performances financières extrêmement solides", le Britannique en a profité pour réaffirmer son objectif de croissance annuelle du bénéfice par action "autour de 5%".Même son de cloche chez AstraZeneca, dont les ventes ont progressé de 9% (4,735 milliards de dollars). Le bénéfice de 1,293 milliard de dollars (-2%) a dépassé les pronostics du marché et le groupe anglo-suédois a confirmé sa prévision annuelle d'un BPA compris entre 1,5 et 1,65 dollar.Plus impressionnant, le bénéfice trimestriel de Novo Nordisk (leader mondial de l'insuline) a quant à lui grimpé de 32%, à 1,09 milliard de couronnes suédoises (147 millions d'euros). La performance ne provient toutefois pas d'un rebond exceptionnel dans la pharmacie mais d'un gain financier sur des opérations de change. Les autres indicateurs en attestent: résultat d'exploitation et chiffre d'affaires affichent des taux de progression plus modestes avec respectivement +6 et +11%.Rappelons enfin que Schering avait précédé ces trois groupes en publiant ses propres chiffres dès mardi. Si, un peu à l'inverse de la tendance, il n'a pu éviter un tassement de 10% de ses bénéfices (127 millions d'euros) en raison de sa forte présence aux Etats-Unis dont la monnaie a perdu du terrain, ses profits restent tout de même parfaitement conformes aux estimations des observateurs. Et, à l'image des autres acteurs de la pharmacie, l'Allemand a confirmé ses prévisions, à savoir une progression annuelle de 10% des ventes et des résultats.Le secteur pourrait donc paraître prometteur. Mais si les analystes ont globalement été satisfaits par les chiffres délivrés, c'est surtout parce qu'ils ont déjà intégré les difficultés et les risques auxquels doit faire face la pharmacie européenne.Premier risque à planer sur le secteur: la baisse du dollar, pour ceux qui réalisent une part significative de leurs ventes outre-Atlantique. Schering en a fourni un exemple et Novo Nordisk a lui aussi mis le doigt sur ce problème en prévenant que la force relative de la couronne suédoise le contraignait à réduire sa prévision de résultat opérationnel à venir.Par ailleurs, la concurrence reste menaçante. Plus particulièrement, les professionnels font référence aux produits génériques. Et les groupes eux-mêmes en sont conscients. GSK a ainsi conditionné le maintien de ses objectifs à la non-commercialisation aux Etats-Unis d'un générique de son anti-dépresseur Plaxil.A cela s'ajoute une atonie des marchés locaux. Bref, aux yeux des observateurs, si les laboratoires européens résistent relativement bien, on reste tout de même loin des taux de croissance du passé ou même de ceux des groupes américains (croissance des ventes à deux chiffres). Et la situation pourrait durer.Le marché a pris en compte la tendance, comme le montre l'indice DJ Stoxx du secteur au niveau européen. S'il gagne ce mercredi 1,4%, il n'a en revanche joué que de façon très relative son rôle de secteur défensif depuis la fin 2001, avec une chute de 33% pratiquement égale à celle de l'ensemble des grandes valeurs européennes.Les laboratoires se doivent donc de trouver de nouveaux relais de croissance s'ils veulent reconquérir la pleine confiance des marchés. Cela passe certainement par la reconstitution de pipelines (portefeuille de produits en gestation) convaincants.

latribune.fr

20 Oct 2008, 2:01

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