Poursuites criminelles contre le banquier vedette de la Nouvelle économie

C'est la chute d'un des plus grands noms de Wall Street: Frank Quattrone, qui fut la star des introductions en Bourse des valeurs vedettes de la Nouvelle économie, pour le compte de Credit Suisse First Boston, est désormais l'objet de poursuites criminelles lancées par la justice fédérale américaine pour "destruction de preuves" et "obstruction à la justice". Et pour faire bonne mesure, les autorités américaines ont même demandé l'arrestation de l'ex-roi de la banque d'affaires...Pour être spectaculaire, ce développement judiciaire n'est pas inattendu. Depuis quelques semaines, Frank Quattrone a vu en effet s'accumuler des ennuis de plus en plus graves: accusations de pratiques illicites par la National Association of Securities Dealers (NASD), enquête menée par le procureur de New York Eliot Spitzer, démission forcée de CSFB en mars dernier...Les poursuites lancées aujourd'hui par la justice américaine donnent cependant toute son ampleur à l'affaire. Selon un membre du FBI, représentant le gouvernement américain, Frank Quattrone est désormais accusé d'avoir "illégalement, volontairement, et en toute connaissance de cause, influencé de façon corrompue et obstrué (...) la bonne marche de la justice"... Ces accusations portent donc, dans un premier temps, non pas sur les pratiques bancaires illicites qui sont reprochées au spécialiste des valeurs de haute technologie de CSFB, mais bien aux efforts déployés par lui pour entraver les enquêtes à ce sujet. Objet de l'accusation: en décembre 2000, Frank Quattrone, informé du déclenchement d'enquêtes par les autorités boursières sur les introductions en Bourse qu'il avait organisées pendant des années, aurait monté une opération de destruction de preuves. Dans un e-mail daté du 5 décembre, il aurait ainsi demandé à ses collaborateurs d'effacer les données concernant les opérations litigieuses. Reste le fond de l'affaire: la mise en cause des pratiques de Quattrone dans le montage de ses introductions en Bourse. Le banquier d'affaires avait connu son moment de gloire pendant les grandes années de la Nouvelle économie, en jouant un rôle moteur dans la mise sur le marché des sociétés high-tech de la Silicon Valley. Au point d'avoir fait de CSFB un établissement leader en la matière et d'avoir généré de fabuleuses commissions pour son employeur.Mais il est apparu que ces introductions mirobolantes s'accompagnaient d'à-côtés des plus discutables. Et notamment de la pratique consistant à réserver à des amis, eux-mêmes souvent dirigeants de start-up prometteuses, des paquets de ces nouvelles actions. Des titres qui, durant l'euphorie Internet, s'envolaient systématiquement durant les premiers jours de la cotation, assurant à leurs heureux détenteurs des gains aussi substantiels qu'instantanés. Et les "amis" de Frank Quattrone étaient fort logiquement incités à le remercier en lui apportant de nouveaux mandats d'introductions en Bourse...L'ancien gourou des valeurs technologiques a jusqu'ici toujours répété qu'il n'avait rien fait de mal, les allocations d'actions lors d'introductions n'étant pas réglementées. Mais il pourrait avoir bien du mal à répondre aux accusations d'obstruction à la justice.
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