Les ventes de disques continuent à s'effondrer

L'industrie du disque n'est toujours pas parvenue à enrayer la descente aux enfers de ses ventes. Selon les derniers chiffres publiés à Londres par la Fédération internationale de l'industrie phonographique (Ifpi), les ventes mondiales de disques et d'albums musicaux ont enregistré une nouvelle chute au premier semestre 2003, baissant de 10,9%. Le recul des ventes ne cesse donc de s'amplifier: sur l'ensemble de 2002, il s'était établi à 7%, après 5% en 2001.Les raisons invoquées pour cette chute sont toujours les mêmes: l'Ifpi met en avant les méfaits du piratage des fichiers musicaux sur Internet pour expliquer la désaffection des consommateurs pour les CD vendus en magasins. L'Ifpi, qui regroupe 1.400 producteurs et distributeurs de musique dans 76 pays, précise que "les ventes en valeur de documents phonographiques se sont établies à 12,7 milliards de dollars lors du premier semestre 2003, contre 14,3 milliards de dollars lors de la même période de 2002". En volume, la baisse du nombre d'albums et disques vendus dans le monde est de 10,7%. Même si une évolution très positive a été constatée pour les ventes de DVD musicaux, qui ont progressé de 46% en volume et de 55% en valeur, l'Ifpi précise que "si le piratage d'albums musicaux sur Internet a touché les principaux marchés dans le monde début 2003, les marchés allemand, japonais, français et américain se sont fortement contractés". Au bout du compte, souligne la Fédération, dans des marchés comme l'Allemagne, le Japon, les Etats-Unis et le Canada, il se vend autant, sinon plus, d'albums copiés et piratés sur Internet que d'albums légaux dans les magasins.Trois stratégies de riposteConfrontés à des consommateurs qui considèrent de plus en plus comme naturel de télécharger de la musique gratuitement, les professionnels hésitent entre plusieurs stratégies. Premier type de réaction: la répression. Le syndicat américain des éditeurs de musique, la RIAA, vient ainsi de lancer pour la première fois une vague de poursuites judiciaires individuelles contre des particuliers accusés d'avoir contribué au phénomène d'échange de fichiers musicaux. Une initiative qui a suscité des réactions pour le moins mitigées (lire ci-contre) mais qui commence à porter quelques fruits. Ainsi, la fréquentation de Kazaa, le plus visité des sites d'échange de musique gratuite, a chuté de 41% en trois mois. Selon Nielsen, le nombre de visiteurs y est tombé de 6,5 à 3,9 millions depuis la semaine de juin où la RIAA a annoncé son intention de s'attaquer directement aux "pirates" et non plus aux sites ou aux fournisseurs d'accès. Deuxième approche: fournir aux consommateurs la possibilité de télécharger légalement de la musique sur Internet. Depuis quelques mois, les initiatives de ce type se multiplient. Apple a montré la voie en lançant, avec l'accord des majors de l'industrie, son service de vente en ligne iTunes qui, très simple d'utilisation et bon marché - les chansons sont vendues 99 cents pièce - remporte un grand succès. Les initiatives de ce type se multiplient donc, comme, tout récemment, celles de MusicMatch, de Dell, etc... (lire ci-contre). Pour l'industrie, il s'agit là évidemment d'une solution d'avenir. L'Ifpi se félicite d'ailleurs dans son communiqué de l'apparition de ces sites légaux, dont les ventes, estime-t-il, "devraient augmenter dans les mois à venir".Dernière stratégie, enfin: celle consistant à ramener les consommateurs dans les magasins. C'est tout le sens de la grande campagne commerciale lancée par le leader du secteur, Universal Music. Ce dernier entame ces jours-ci une vaste campagne de baisse de ses prix de vente, pouvant aller jusqu'à 30%. Lancée d'abord aux Etats-Unis, l'initiative pourrait ensuite être étendue à d'autres pays. Nul doute qu'elle sera observée de près par l'ensemble de la profession qui y trouvera peut-être la réponse à cette angoissante question: et si les consommateurs se détournaient des achats de disques tout simplement parce que ces derniers sont trop chers?
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.