Dilemme

Dolphin Telecom France va sans doute mourir d'être vu comme un cheval de Troie. Cet opérateur de téléphonie mobile propose depuis 2000 ses services aux entreprises dont les ambulances et les transporteurs, en utilisant Tetra, une norme permettant de déployer des réseaux bien moins onéreux que les infrastructures mobiles GSM. En cessation de paiement l'an dernier, Dolphin France avait été repris en juin par Inquam, une filiale de l'équipementier américain Qualcomm. Plan de la dernière chance, celui-ci était cependant conditionné par l'accord des pouvoirs publics pour le déploiement de réseaux mobiles à haut débit à la norme CDMA. Ce qu'a refusé début février le régulateur des télécommunications, suivi par le gouvernement, condamnant très vraisemblablement à mort l'entreprise.Ce que l'on sait moins, c'est que les 250 salariés de Dolphin se retrouvent en fait otages de la poursuite d'une guerre technologique entamée dans les années 90. D'un côté Qualcomm, concepteur et promoteur mondial de la norme CDMA. De l'autre les équipementiers européens fortement engagés dans le GSM et l'UMTS. Car le CDMA, surtout présent outre Atlantique et en Asie, est en revanche absent d'Europe. L'intérêt de sa filiale Inquam pour Dolphin avait tout de suite éveillé le soupçon sur une volonté de Qualcomm d'entrer par la fenêtre sur le marché européen après avoir été laissé à la porte.Pour Dolphin, Inquam-Qualcomm souhaitait tout simplement déployer un réseau de transmission de données qui aurait pu concurrencer l'UMTS. En comparaison des licences de troisième génération extrêmement coûteuses (619 millions d'euros le ticket d'entrée), cette migration n'aurait pas coûté très cher à Dolphin. Même réservée à une clientèle restreinte de professionnels, cette perspective aura été combattue par un intense lobbying pas toujours rationnel. Et pour l'heure avec succès, comme pour justifier encore et encore l'absurdité des milliards d'euros dépensés pour les licences UMTS.La dernière chance des salariés de Dolphin, c'est qu'après Daewoo, Metaleurop, Alstom, Air Lib et avant d'autres mauvaises nouvelles, le gouvernement se sait très attendu sur le dossier de l'emploi. Et dans ce contexte, même 250 salariés, ça finit par compter. Sauf à convaincre que le CDMA est une menace encore plus grande pour l'emploi chez les équipementiers européens.
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