Air Lib cloué au sol faute de repreneur

Partagés entre la colère et l'abattement, les 3.200 salariés d'Air Lib attendent de connaître le sort qui leur est réservé. Le tout dans une certaine confusion. Deux éléments sont aujourd'hui avérés. D'une part, la licence d'exploitation d'Air Lib est suspendue depuis minuit ce qui empêche les avions de la compagnie aérienne de voler. D'autre part, le repreneur présumé, le néerlandais Imca, a annoncé à l'aube qu'il renonçait à signer le protocole de conciliation devant conduire au sauvetage d'Air Lib. Après avoir mis en cause le comportement des syndicats fin janvier, le PDG d'Imca, Erik de Vlieger, avait posé une nouvelle condition à la reprise de la compagnie: l'obtention d'un meilleur prix sur une commande de 29 Airbus A 319. Et c'est précisément sur ce point que les discussions ont achoppé, a annoncé le vice-directeur d'Imca, Harm Prinsen, qui a précisé que son groupe était pourtant parvenu à un accord avec le gouvernement et les salariés. Dès lors, "nous n'avons pas d'autre possibilité que de nous retirer", a-t-il ajouté.Tirant les conclusions de cette situation, le ministre des Transports a alors estimé que le sort de la compagnie était désormais entre les mains du tribunal de commerce. Gilles de Robien a expliqué que "le tribunal de commerce va avoir à connaître dans les prochaines heures ou dans les prochains jours le rapport du conciliateur qui va présenter finalement l'échec de sa conciliation et le tribunal de commerce en tirera les conséquences". Ces propos laissent planer la menace du dépôt de bilan pour une compagnie engluée dans les problèmes financiers avec des dettes publiques qui se montent à environ 120 millions d'euros et des arriérés de paiement de charges courantes de 90 millions d'euros. Le groupe néerlandais n'a, depuis sa décision de jeter l'éponge, fait aucun commentaire sur l'échec de ce sauvetage. Mais jeudi matin, le PDG d'Air Lib, l'ancien pilote Jean-Charles Corbet, ne s'avouait pas vaincu: "cette nuit, le gouvernement français et le ministère des Transports nous ont porté un coup très rude", a-t-il clamé, "pour autant, ce coup n'est pas définitif". Devant des salariés de la compagnie réunis en assemblée générale, il a bien évidemment reconnu que la licence de la compagnie aériennne avait expiré, mais il a affirmé qu'il n'y avait "pas d'automaticité du dépôt de bilan". Le patron d'Air Lib a aussi affirmé qu'Imca "ne s'était "pas retiré (de la négociation), mais qu'il attend en ce moment les réponses du gouvernement" à plusieurs questions : l'acceptation "des GIE (groupement d'intérêt économique) fiscaux", et : est-il possible d'acquérir des Airbus à un prix permettant le remboursement des dettes d'Air Lib ? Jean-Charles Corbet en a appelé à l'intervention du président de la République pour régler ce dossier. Appel entendu puisque l'Elysée a fait savoir que le président de la République avait demandé à Dominique Bussereau, secrétaire d'Etat aux Transports, de recevoir le PDG d'Air Lib et les représentants de l'entreprise. Jacques Chirac a recommandé au gouvernement "d'être attentif à la situation et à l'avenir de chaque salarié". La rencontre, qui a duré deux heures, s'est terminée en toute fin d'après-midi jeudi. De l'aveu même du représentant de la CFDT cette réunion n'a débouché sur rien de précis. "Rien n'est prévu pour continuer l'activité", a ainsi commenté Gilles Nicoli. "C'est encore une fois sur le dos des salariés que les choses se règleront. Je ne vois pas pourquoi on se séparerait d'un produit comme le nôtre, qui est d'utilité publique. La grande compagnie c'est Air France, il y a certainement une complémentarité" à trouver avec elle, a-t-il ajouté. Le recours à la compagnie nationale devrait de toutes manières être envisagé pour d'éventuels reclassements des salariés d'Air Lib comme l'a laissé entendre ce matin le ministre des Transports. Gilles de Robien a indiqué que le gouvernement demanderait "à Air France, en lui laissant la liberté, d'embaucher en priorité les personnels d'Air Lib si la décision du tribunal de commerce était le dépôt de bilan et le cas échéant la liquidation." . Cette journée noire pour Air Lib et ses salariés n'est pas terminée puisque ce soir doit se tenir un comité d'entreprise extraordinaire. En attendant le réglement définitif de cette affaire aux multiples rebondissements, certains manifestent déjà leur intérêt pour les créneaux horaires qu'Air Lib laisserait vacants. C'est le cas d'easyJet. La compagnie à bas prix fait savoir qu'elle sera candidate à la redistribution des "slots" abandonnés...Informations pour les passagers d'Air LibUn numéro vert a été mis en place pour renseigner les détenteurs de billets Air Lib: 0805 201 301. Pour les billets concernant les Antilles, il convient d'appeler la compagnie Corsair au 01 49 79 46 46. Pour la Réunion, il faut s'adresser à Air France au 0825 809 809. La compagnie propose une prise en charge gratuite des passagers jusqu'au 23 février. Pour les autres destinations, seuls ceux qui ont acheté des billets dans une agence de voyage auront un recours auprès de l'agence. Quant aux autres, "aucune solution de remplacement ne peut être proposée", a indiqué le ministère, qui renvoie également, pour plus de renseignements, sur le site www.aviation-civile.gouv.fr
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