Friture sur l'Internet sans fil

Par les temps qui courent, pas question de plaisanter avec la sécurité et la défense. Et encore moins aux Etats Unis. Alors qu'elles connaissent un développement naissant mais très rapide, les technologies d'accès à Internet à haut débit par des réseaux locaux sans fil vont peut-être l'apprendre à leurs dépens. Ce que l'on appelle le "wireless fidelity", ou plus communément "Wifi", est devenu le nec plus ultra de l'accès à la Toile. Le relais de croissance pour une industrie des télécoms sinistrée. Une antenne sur un immeuble, dans une gare ou un aéroport, des capteurs, et ce sont tous les internautes alentours qui peuvent partager un accès à haut débit sans utiliser de connexion filaire. Mais voilà. Depuis quelques semaines, les experts du Pentagone tirent la sonnette d'alarme. Les fréquences utilisées par Wifi généreraient des interférences avec les radars de l'US Army. Au moment où les bruits de bottes se font plus pressants au Moyen Orient, l'affaire est en tout cas suffisamment sérieuse pour que les grands acteurs du Wifi, parmi lesquels Microsoft et Intel, rencontrent des officiels du Pentagone pour étudier les risques et chercher les moyens de les éviter. Les militaires plaident pour une restriction du spectre des fréquences allouées au Wifi. Les industriels s'inquiètent des effets d'une telle mesure sur les perspectives de développement d'une technologie à la fois prometteuse et pour laquelle les fabricants américains d'infrastructures de réseaux disposent d'une avance indéniable. Jolie tenaille pour l'administration Bush...Le problème se complique si l'on note que le désaccord entre les Etats-Unis et l'Europe est presque total sur la question des interférences. De ce côté-ci de l'Atlantique, on fait remarquer qu'il n'y a jamais eu d'exemple tangible de brouillage de radar militaire en raison du Wifi. Le ministère américain de la Défense rétorque qu'il n'y a pas non plus de preuve absolue du contraire. A ce train-là, le dialogue de sourds pourrait encore durer longtemps.Les discussions devraient cependant entrer rapidement dans une phase moins polémique et plus constructive afin de trouver des solutions techniques de partage fiable des fréquences au sein des institutions internationales compétentes. Cela vaudrait mieux en tout cas pour les industriels. Le New-York Times a récemment contribué à leur faire peur en imaginant les conséquences de mesures éventuellement restrictives que le Pentagone pourraient imposer. Depuis les modifications à apporter aux chaînes de production jusqu'aux produits déjà livrés ou en passe de l'être rendus inutilisables, le Wifi pratique et pas cher deviendrait un rêve périmé, alors qu'il est à peine né.
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