Eurotunnel à 13 euros par jour

La campagne menée actuellement par l'éditeur controversé Nicolas Miguet pour renverser la direction d'Eurotunnel, au moyen de la convocation d'une assemblée générale, veut incarner le noble combat des petits actionnaires spoliés pour obtenir réparation de leur préjudice. Que la démarche serait belle, salutaire, et même digne de soutien, s'il s'agissait réellement de cela...Cette initiative est certes soutenue par l'Adacte (Association de défense des actionnaires d'Eurotunnel), qui lui apporte la caution d'un groupement de petits porteurs historiques. Cependant, l'action de Nicolas Miguet repose largement sur un véritable appel à l'épargne publique. A travers ses différentes publications boursières, il incite depuis plusieurs semaines ses lecteurs à acheter massivement des actions Eurotunnel et à lui déléguer leurs droits de vote, contre la promesse implicite d'un redressement de la société et de son cours de Bourse - en restant d'ailleurs évasif quant aux moyens à mettre en oeuvre pour atteindre cet objectif. Du coup, il est permis de se demander combien, parmi les 12.000 actionnaires - représentant 17 % du capital du groupe - dont il se targue d'avoir obtenu les pouvoirs, figurent effectivement parmi les petits porteurs originels - et ruinés - d'Eurotunnel.Toutefois, l'Histoire pourrait bien se répéter, et conférer aux adeptes de Nicolas Miguet une vraie légitimité : certains d'entre eux voient fondre jour après jour leurs chances de rentabiliser leur investissement, et pourraient venir bientôt grossir le flot des victimes du tunnel sous la Manche. Les partisans les plus acharnés de l'éditeur peuvent en effet l'entendre deux fois par jour commenter l'évolution du dossier Eurotunnel en appelant un numéro téléphonique payant (1,35 euro par appel et 0,34 euro la minute). Un appel qui, si Nicolas Miguet est en verve, peut durer jusqu'à quinze minutes... soit une dépense de près de 13 euros par jour, l'équivalent de quinze actions Eurotunnel au cours actuel. Les admirateurs de l'éditeur voient ainsi le coût moyen d'acquisition - et de suivi - de leurs titres augmenter à mesure qu'ils se gavent de la bonne parole de leur "grand timonier".Que chacun d'entre eux calcule lui-même à partir de quel point il ne pourra plus rentabiliser son investissement. Ce point est hélas d'autant plus bas que l'investissement de départ est modeste... Quant à Nicolas Miguet, il est facile de comprendre pourquoi il ne brigue aucun mandat chez Eurotunnel en cas de succès de sa croisade : elle lui permet d'ores et déjà de faire du chiffre d'affaires... sur le dos de ses partisans.
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