Drôle de grève...

55 ans pour les sédentaires, 50 ans pour les agents de conduite : on connaît plus éprouvant que la retraite des employés de la SNCF. Mais ce régime n'est pas en cause aujourd'hui, pas plus que celui de la RATP, de la Poste ou d'EDF et GDF. Le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin s'est prudemment abstenu de toucher aux régimes spéciaux, et il est peu probable qu'il s'y intéresse de sitôt.Mais les salariés de ces entreprises publiques sont très inquiets pour leur avenir - leurs effectifs et leurs moyens ne sont en rien garantis, ce qui est d'ailleurs le lot de l'ensemble de la fonction publique aujourd'hui. Cela tombe bien : des syndicats dont l'unité est fragile et la capacité à mobiliser contestable pourront ainsi compter sur des "locomotives" - tout mauvais jeu de mot mis à part - dont l'efficacité à mener une grève spectaculaire et efficace sera une nouvelle fois en évidence aujourd'hui.Le gouvernement n'en a pas peur, semble-t-il. "Ce n'est pas la rue qui gouverne", a martelé un Jean-Pierre Raffarin, chez qui on ne devinait pas cette fibre autoritaire ("presque une déclaration de guerre", s'est aussitôt indigné FO). "Ce qui m'importe, ce n'est pas de savoir combien de personnes sont dans la rue, ce sont les solutions qu'elles proposent", a renchéri le ministre des Affaires Sociales François Fillon. Meurtrie, la fonction publique ? "Le non remplacement d'un fonctionnaire sur deux, c'est l'objectif que nous nous sommes fixé", lui fait délicatement savoir Alain Lambert, ministre délégué au budget.Bref, on aurait voulu mettre de l'huile sur le feu que l'on ne s'y serait pas pris autrement. De deux choses l'une : ou bien le gouvernement se laisse griser par une victoire qu'il sent proche, ou bien il a soigneusement calculé son coup. Cette dernière hypothèse vaut que l'on s'y arrête. Doper la mobilisation, encourager la grève pour pouvoir dire ensuite que le gouvernement n'a pas plié peut être risqué, mais aussi s'avérer politiquement très payant. Le risque, en l'occurrence, semble limité. Le bénéfice potentiel est énorme.Ne nous y trompons pas : François Fillon peut promettre une négociation dès demain, la réalité est que la réforme est bouclée, à quelques mesures près. C'est sur ces dernières mesures que les syndicats peuvent encore se battre.En recevant discrètement François Chérèque, le patron de la CFDT, hier, le ministre a donné une idée des curseurs qui pourraient encore bouger, sur les petites retraites et les longues carrières, notamment. Boucler sa réforme en bravant la rue et divisant les syndicats, le gouvernement peut-il rêver d'une plus belle issue ?
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