Les compagnies aériennes confirment leur malaise... sauf Air France

Guerre en Irak, hausse des cours du pétrole, épidémie de SRAS... Depuis le début de l'année, il faisait peu de doute que ces facteurs allaient peser lourdement sur les résultats du secteur aérien. Les compagnies l'ont confirmé à l'occasion de leurs publications de résultats trimestriels. Parfois même dans des proportions que les analystes n'avaient pas osé imaginer.C'est Iberia qui, lundi, a donné le ton. La compagnie espagnole a triplé sa perte nette, à 22,39 millions d'euros, et a pratiquement multiplié par huit sa perte opérationnelle, à 50,71 millions d'euros. Sans surprise, les réductions de coûts engagées depuis dix-huit mois, les réductions de capacités et l'effet positif de la baisse du dollar, n'ont pu que partiellement compenser la hausse des dépenses, particulièrement élevée pour ce qui est du carburant. Une tendance qui a certainement incité la compagnie à rester prudente pour les mois à venir: elle ne donne aucune prévision concernant l'ensemble de l'année.Plus inquiétante encore est la situation du groupe scandinave SAS. Malgré les plans d'économie mis en place, la compagnie n'a pu maîtriser ses coûts. Conséquence: sa perte d'exploitation trimestrielle est passée de 1,41 à 1,91 milliard de couronnes suédoises (208 millions d'euros). La perte avant impôts est quant à elle ressortie à 1,88 milliard de couronnes, contre 1,45 milliard un an plus tôt. Les analystes ont été surpris, qui attendaient une stabilisation des pertes.Pertes accrues et propos alarmistes Si le groupe se défend en mettant en cause "l'attitude prudente de la communauté des affaires envers les investissements, combinée à une plus grande sensiblité aux prix et à la guerre en Irak", les inquiétudes grandissent néanmoins concernant sa survie. Pour tenter de sortir la tête de l'eau, la compagnie a annoncé récemment une nouvelle batterie de mesures, s'ajoutant aux divers programmes adoptés depuis l'automne 2001. Mais il sera certainement difficile d'en apprécier les résultats à court terme. Dès lors, la compagnie s'est refusée à tout pronostic pour 2003.Des pronostics, Lufthansa en a bien délivré. Mais il ne sont guère de nature à rassurer. Pas plus que les propos alarmistes tenus par la compagnie allemande. Révélant une perte opérationnelle trimestrielle de 415 millions d'euros, supérieure aux attentes et à comparer à un bénéfice de 12 millions un an auparavant, Lufthansa a ajouté: "le secteur aérien traverse la plus grave crise économique de son histoire. Jamais la situation n'a été aussi grave". Preuve du marasme dans lequel elle se trouve, la compagnie n'a pas hésité à prédire une perte opérationnelle pour l'ensemble de l'année, "dont l'ampleur dépendra de l'évolution de la conjoncture économique mondiale, de l'épidémie de pneumonie atypique et de la crise au Moyen-Orient".Enfin, mercredi également, Alitalia s'est montré tout aussi pessimiste. Le groupe italien a presque doublé sa perte avant impôts et exceptionnels au premier trimestre (198 millions d'euros) et a indiqué que son résultat (toujours avant impôts et exceptionnels) serait négatif sur l'ensemble de l'année.Air France résisteDans ces conditions, on comprend mieux l'accueil chaleureux réservé par les investisseurs - l'action a gagné plus de 11% mercredi - aux résultats publiés par Air France mardi après la clôture de la Bourse. Evidemment, la compagnie française n'a pas été épargnée par la crise entre janvier et mars (le quatrième trimestre de son exercice 2002/2003). Mais, en particulier grâce à une hausse de ses parts de marchés, le résultat d'exploitation annuel de 162 millions d'euros a dépassé les attentes (voir ci-contre).Autre motif de satisfaction, la crise traversée n'a pas atteint le bilan. La structure financière reste saine. Enfin, si la prévision d'un résultat opérationnel à l'équilibre pour l'exercice en cours peut sembler modeste, elle est bien au-delà de ce qu'attendent la plupart des concurrents. En résumé, Air France, qui s'est hissé au rang de première compagnie européenne, a démontré sa capacité de résistance. Ce qui est plutôt de bon augure pour la privatisation, laquelle pourrait avoir lieu à la rentrée si les conditions de marchés sont favorables.
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