Chute du résultat opérationnel et menaces judiciaires pour Bayer

Les résultats publiés aujourd'hui par Bayer ne vont pas forcément rassurer les marchés. Certes, le groupe de chimie-pharmacie allemand a enregistré l'an dernier une hausse de 10% de son bénéfice net, à 1,06 milliard d'euros, mais c'est essentiellement grâce aux plus-values tirées de cessions d'actifs. Car le bénéfice opérationnel (hors exceptionnels) a reculé de 46% à 989 millions d'euros, comparé à 2001. Un chiffre en ligne avec les estimations du consensus Reuters qui tablait sur 967 millions d'euros.Mais les investisseurs sont plutôt préoccupés par les poursuites judiciaires déposées contre le géant pharmaceutique aux Etats-Unis, et qui ont fait dégringoler le titre en Bourse. Depuis le début de l'année, l'action a perdu 50% de sa valeur. Tout a commencé en 2001, lorsque Bayer a dû retirer du marché américain son anticholestérol Lipobay-Baycol, soupçonné d'être à l'origine d'une centaine de décès. Ce retrait a entraîné une contraction du chiffre d'affaires 2002 de 1%, à 28,9 milliards de dollars. La situation a empiré avec le dépôt de nombreuses plaintes en justice contre Bayer, et dont le nombre progresse chaque mois. Aujourd'hui, l'inventeur de l'aspirine est en bien mauvaise posture : il fait face à plus de 8.400 procès. Quelque 500 cas individuels ont été réglés à l'amiable pour un montant d'environ 140 millions d'euros, a indiqué le groupe dans un communiquéA cette avalanche de poursuites s'est ajoutée une autre action en justice, déclenchée par des actionnaires devant un tribunal fédéral de New York, et annoncée hier par Bayer. L'actuel patron du groupe, Werner Wenning, et son prédécesseur Manfred Schneider, sont nommément cités dans la nouvelle plainte déposée à New York, a précisé Bayer dans un communiqué.Les plaignants leur reprochent d'avoir "omis des informations factuelles" à propos de l'anticholestérol, ou "de les avoir présentées sous un faux jour". "Ces omissions ou ces informations inexactes ont artificiellement gonflé la valeur boursière des ADS du groupe Bayer au détriment de leurs souscripteurs", affirment-ils, en parlant d'une "violation de la législation boursière". Les ADS sont des certificats négociables sur les marchés américains et représentatifs d'une action d'une société étrangère, en l'occurence le laboratoire allemand. L'action en justice vise donc à obtenir "des dommages pour les personnes ou entités" ayant acquis des titres Bayer entre le 26 mai 1999 et le 21 février 2003 aux Etats-Unis.L'annonce a fait chuter le titre de près de 9% mercredi à la Bourse de Francfort. Mais jeudi à la clôture, il se reprenait, progressant de 1,71% à 10,68 euros. L'inquiétude des investisseurs n'est pas seulement liée au coût des procès, estimé entre 5 et 10 millions d'euros, mais aussi aux déclarations du groupe selon lesquelles "si les plaignants obtiennent gain de cause, il est possible que la couverture d'assurance du groupe se révèle insuffisante". Selon certains analystes, il se pourrait même que les compagnies d'assurance refusent de prendre en charge le sinistre si la négligence du laboratoire et de ses dirigeants était prouvée. En tout cas, "faute de pouvoir évaluer avec exactitude les montants concernés, la société n'a pas encore passé de provisions à ce titre", indique le communiqué du groupe.Bayer a réitéré par ailleurs son intention d'améliorer ses résultats opérationnels en 2003. L'endettement, qui s'élevait à 8,9 milliards d'euros à fin 2002, devrait être réduit à 7 milliards d'euros d'ici la fin de cette année. Le groupe vise une marge opérationnelle de 21% à l'horizon de 2006, contre 10% en 2002.
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