Raison garder

Les ventes de téléphones mobiles repartent à la hausse, les packs d'Internet à haut débit ADSL s'arrachent, les équipementiers télécoms exhibent des carnets de commande bien garnis, les opérateurs arrivent enfin à prononcer le mot "investissements" et il est même question d'introductions en Bourse d'acteurs nés de l'ouverture à la concurrence du marché... Il n'en faudrait pas beaucoup plus pour pronostiquer une année 2004 en fanfare dans l'Europe des télécoms. Pourtant, nombre d'acteurs du secteur demeurent très prudents sur les perspectives à court et moyen termes. La peur de susciter une nouvelle bulle est souvent invoquée. Mais il faut noter que la prudence est partagée par les conjoncturistes. Dans sa dernière étude, l'Institut de l'audiovisuel et des télécommunications en Europe (Idate) faisait remarquer que le sévère coup d'arrêt qu'a connu la croissance du marché européen en 2002 s'est poursuivi en 2003. Elle est passée en un an de 6% à 4,2% en Europe occidentale. Or, selon l'Idate, ce ralentissement "devrait se poursuivre en 2004 et la croissance passer en dessous de la barre des 4%". La reprise, la vraie, ne serait envisagée dans ce scénario qu'à l'horizon 2005. Et encore: "à un rythme nettement plus faible que pendant la période d'expansion des années 1990 et début des années 2000". Soit autour de 4%. La période qui va s'ouvrir devrait d'ailleurs permettre de mesurer la portée des sévères restructurations de ces derniers mois. Celles qui avaient en effet pour objectif de configurer les entreprises pour des croissances désormais plus modérées. Mais, plus encore que le niveau de croissance, c'est le contraste entre les perspectives des différents segments du marché qui incite à la prudence. Les grandes tendances déjà constatées devraient perdurer en 2004 et au-delà. L'Internet à haut débit et la téléphonie mobile restent des pôles de croissance très prometteurs. L'Idate affirme que les services mobiles en viendront vite à assurer seuls une bonne moitié de la croissance totale du marché. Il faudra bien cela pour contrebalancer le déclin de la téléphonie fixe, certes ralenti par l'accès à Internet, tandis que dans les terminaux et les équipements de réseaux, la gageure sera de lutter contre la baisse des prix que ne compense plus la hausse des volumes. Par ailleurs, les industriels pourront compter sur le développement des marchés des pays de l'Europe centrale et de l'est. Ces derniers - notamment les dix prochains adhérents à l'Union européenne - devraient afficher une croissance supérieure au reste de l'Union. L'Idate anticipe que "la forte croissance dans les pays adhérents devrait se poursuivre dans les années 2004 à 2007", même si, là encore, le ralentissement devrait être palpable: 9% en 2004 contre 15% en 2003. L'espoir est donc présent. Mais, comme l'Idate, il est impossible de ne pas relever que la relative fragilité d'ensemble de l'économie européenne et d'autres aléas interdisent un optimisme démesuré. Les industriels ont déjà démontré leur capacité à s'emballer pour des technologies inabouties ou difficiles à vendre auprès de leurs clients. Malgré le battage médiatique autour de ces dossiers, l'UMTS, et maintenant la télévision sur ADSL, auront vite à faire leurs preuves.
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