Le prix de l'homme Ford

Des mois de rumeurs puis un verdict : le divorce est consommé entre le duo de choc à la tête de Gucci, De Sole-Tom Ford, et la maison-mère PPR. Trop gourmands, d'émoluments et d'indépendance, murmure-t-on en coulisses : Serge Weinberg s'est résigné à se passer des artisans de la renaissance du maroquinier florentin dans les années 1990 et surtout de celui qui en était venu à incarner Gucci, sa mode sexy et provocante, Tom Ford. A ceux qui lui prédisaient un désastre, le Pdg de PPR pourrait répondre que le marché ne semble pas s'en émouvoir outre mesure : l'action PPR a perdu 4,8% mardi à l'annonce de ce départ et 4,7% sur la semaine, soit 500 millions d'euros de capitalisation évaporés. Certes, PPR accuse la deuxième plus forte baisse hebdomadaire du CAC 40, mais la valeur conserve une avance de 19% depuis le début de l'année. Comme si le marché laissait le bénéfice du doute à PPR, le temps qu'il trouve des successeurs à la hauteur, avant le départ officiel des deux hommes forts de Gucci dans six mois, fin avril 2004. 500 millions d'euros, est-ce le prix estimé par le marché de la perte du tandem gagnant de Gucci ? Rares sont les analystes à s'être avancés à ce type de calcul. A une analyste lui demandant si Gucci perdait automatiquement une dizaine d'euros par action de valeur, Serge Weinberg s'est moquée de la chance qu'elle avait de savoir mesurer scientifiquement la valeur des individus....Scientifiques ou intuitives, quelques estimations ont tout de même timidement pointé leurs nez : chez Goldman Sachs, on évalue que la perte d'une partie de sa base de clientèle, les "fashion victims", en raison du départ de Tom Ford, pourrait affecter la valeur de Gucci de 15% : "la valeur de Gucci post-départ se situerait donc autour de 55 euros" et non plus 65 euros avance la banque américaine. Dix euros de moins par action, c'est plus d'un milliard d'euros ôtés à la valeur du groupe. D'autres redoutent que le départ de "Tom & Dom" ne change totalement les perspectives de croissance du groupe. Morgan Stanley dresse ainsi trois scénarios possibles : le plus rose serait un tout petit accès de faiblesse des ventes de Gucci le temps d'une collection un peu faible avant de trouver un styliste de grand talent. Le scénario intermédiaire prévoit trois à quatre collections ternes et une reprise des ventes à partir de 2006-2007. Dans le scénario noir, PPR ne trouve pas un styliste à même de relever le défi et de redresser les ventes. Entre l'optimiste et le scénario catastrophe, ce ne sont pas moins de 27 euros de différence de valorisation, soit 2,7 milliards...Un montant qu'il serait éclairant de comparer aux indemnités de départ des deux intéressés....
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