Ryanair affiche une insolente prospérité

Les petits prix n'empêchent pas les gros profits: c'est ce que montrent les résultats annoncés aujourd'hui par Ryanair, la compagnie aérienne irlandaise de vols à bas prix. Ryanair, qui affiche une insolente santé dans le secteur sinistré du transport aérien et vient de s'offrir le luxe d'une commande de cent Boeing, a en effet encaissé au dernier trimestre 2002 des bénéfices en hausse de 50% sur un an.Pour le troisième trimestre (octobre-décembre 2002) de son exercice 2002/03, Ryanair affiche un bénéfice net de 43,2 millions d'euros. Ce chiffre dépasse les attentes des analystes, qui prévoyaient en moyenne 40 millions. Ce bénéfice net est à rapporter à un chiffre d'affaires de 185,9 millions d'euros, en hausse de 37% sur la période. La compagnie a donc réussi à faire progresser son bénéfice net encore plus vite que son activité.Ryanair continue à surfer sur le succès croissant des vols à bas prix auprès des voyageurs européens. Le taux moyen de remplissage de ses avions s'est amélioré, passant de 79% à 86%, souligne la compagnie irlandaise, qui attribue ce succès à la réduction de 8% en moyenne de ses tarifs. Le directeur général de Ryanair, Michael O'Leary, ne se prive d'ailleurs pas d'expliquer les recettes de ses succès. Le modèle commercial de sa compagnie, a-t-il affirmé aujourd'hui, constitue un "cercle vertueux": "les coûts réduits de Ryanair lui permettent de continuer à faire baisser les prix. Des tarifs plus bas signifient des taux de remplissage plus élevés, qui à leur tour réduisent encore les coûts opérationnels, ce qui augmente les bénéfices". Et Ryanair entend bien ne pas en rester là. La compagnie, dont l'ambition est de dépasser d'ici 2010 ses concurrents traditionnels que sont Air France, Lufthansa ou British Airways, multiplie les initiatives. Ces dernières semaines, elle a annoncé le lancement de nouvelles liaisons au départ de Francfort-Hahn et la création de deux nouvelles "bases" européennes à Milan-Bergame et à Stockholm Skavsta. Elle vient également de racheter, pour une bouchée de pain, Buzz, la filiale de vols à bas prix de KLM. Et pour couronner le tout, Ryanair a annoncé vendredi dernier une commande de cent avions à Boeing (voir ci-contre). Une boulimie que Michael O'Leary justifie facilement: c'est quand les prix - des compagnies rivales en difficultés ou des avions dont personne ne veut - sont au plus bas qu'il faut acheter...Dans la foulée, Ryanair a relevé ce matin ses objectifs de bénéfice annuel net pour l'exercice en cours, portés de 230 à 235 millions d'euros. Et au risque de passer pour franchement odieuse auprès de la concurrence tétanisée par la perspective d'une guerre en Irak, la compagnie s'est offert le luxe d'affirmer qu'un tel événement n'affecterait pas ses résultats. Il y aurait peut-être un petit creux, a déclaré en substance un responsable de la compagnie, mais en fin de compte "les gens ont besoin de voyager et, si vous leur offrez des prix bas, ils voyageront".A la Bourse de Londres, l'action Ryanair perd 4,56% à la clôture, à 419 pence.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.