A première vue, la réaction du marché pourrait paraître pour le moins curieuse. En effet, au moment où Fortis vient de publier au titre de 2002 un bénéfice pratiquement divisé par 5, à 532 millions d'euros, l'action s'envole de 22,57%. Pour mieux comprendre le sentiment des investisseurs, il convient donc de ne pas s'arrêter à ce chiffre spectaculaire et au discours prudent du bancassureur.Bien sûr, la chute des bénéfices est lourde. Bien sûr, le groupe reste muet sur 2003, "année pleine d'incertitude" pour Antoine van Rossum, le patron.Néanmoins, la plupart des mauvaises nouvelles étaient déjà connues. Le groupe avait en effet déjà prévenu que son résultat pâtirait des importantes corrections de valeurs (1,7 milliard d'euros) dues à la chute des marchés. Quant aux perspectives, Fortis ne cache pas, depuis la fin du troisième trimestre, que 2004 sera pour lui la prochaine année satisfaisante. Les observateurs ne s'attendaient donc à aucun miracle de la part du Belgo-néerlandais. Ils craignaient même le pire.Et finalement le pire n'est pas arrivé, les chiffres délivrés ce jeudi s'avèrant même meilleurs qu'attendus par les analystes et le groupe lui-même. C'est vrai pour le bénéfice net par action, qui, à 0,41 euro, est très proche du haut de la fourchette des prévisions du marché, selon l'AFP. Ca l'est encore plus si l'on remonte le compte de résultats.Dans le cas du résultat courant hors corrections de valeurs, les professionnels sondés par Reuters n'attendaient qu'un chiffre de 2,15 milliards d'euros. Or, le groupe est parvenu à dégager un bénéfice de 2,22 milliards. Le résultat est également meilleur que ne l'envisageait le groupe puisqu'il est en repli de 2%, alors que Fortis visait en janvier une baisse d'environ 7,4%.Même chose si l'on prend en compte les corrections de valeur. Fortis avait annoncé en janvier que le résultat courant se situerait alors autour des 400 millions d'euros. Or, celui-ci est finalement ressorti à 430 millions d'euros.Bref, le groupe a réalisé un meilleur quatrième trimestre qu'attendu, avec un résultat courant avant corrections de valeur en progression de 2%. Ce que Fortis explique par la performance de son pôle bancaire. "Malgré une baisse de revenus, le résultat courant avant plus-values réalisées et corrections de valeur sur le portefeuille d'actions du secteur banque atteint 126 millions d'euros, soit une hausse de 20% (...) due essentiellement à la réduction des charges (-9%)", note le communiqué. Et ce dynamisme a permis de contrebalancer les difficultés de l'assurance, dont le résultat courant s'est replié de 12%.Enfin, trois autres éléments apporte un soutien supplémentaire et non négligeable à l'action. D'abord Antoine van Rossum a écarté l'hypothèse d'un appel au marché compte tenu de la solidité des fonds propres du groupe. Les investisseurs ont aussi été soulagés d'apprendre que le bancassureur maintenait un dividende en numéraire de 0,88 euro. Et pour finir, Fortis a indiqué que Suez ne vendrait pas ses 10% du capital sans concertation. De quoi écarter dans l'immédiat des craintes d'afflux de titres sur le marché.

latribune.fr

20 Oct 2008, 1:54

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