La banque d'affaires Lazard est aussi prestigieuse que son actionnariat complexe. Les associés et les familles fondatrices détiennent bien sûr l'essentiel du capital de la maison mais environ 15% reviennent au holding Eurazeo, coté en Bourse, lequel est lui-même contrôlé par la société Rue Impériale. Elle aussi cotée en Bourse, celle-ci regroupe également plusieurs familles "historiques" de la banque. Concilier ce caractère à la fois très familial et ouvert au public est devenu de plus en plus difficile pour la galaxie Lazard, tant en termes de gouvernance que de répartition de richesse. On se souvient que la décision d'accorder l'an dernier des bonus confortables aux associés de Lazard, au détriment des familles et des minoritaires, a provoqué quelques vagues. D'autant que certains actionnaires commencent à faire entendre leur voix. C'est le cas de la banque UBS mais aussi, et surtout, du Crédit Agricole qui a volé au secours de Lazard lorsque la vénérable maison était prise d'assaut par Vincent Bolloré. Une intervention bien peu payée de retour. C'est dans ce contexte que le groupe a décidé d'achever le processus de simplification de ses structures de contrôle. Une fusion d'Eurazeo et de Rue Impériale ne devrait plus tarder, la seconde devant très probablement absorber la première afin de sauvegarder les précieux droits de votes doubles dans la banque.C'est d'ailleurs bien le souhait de mieux assurer le contrôle de la banque qui semble motiver les dirigeants du groupe. Plus en tout cas que le sort et la liquidité des actionnaires minoritaires, "scotchés" avec des titres décotés. La présence forte, certains parleraient même d'offensive, de Bruce Wasserstein commence en effet à inquiéter... Appelé en renfort il y a trois ans pour relancer la banque en perte de vitesse, le banquier américain n'a pas ménagé ses efforts pour incarner le nouveau visage de l'établissement. Avec quelques résultats semble-t-il. Ses ambitions s'arrêteront-elles là, ou va-t-il lancer une OPA sur Lazard comme certains lui en prêtent l'intention ? Dans le doute, les familles ont donc décidé de prendre les devants et de consolider leurs intérêts.

latribune.fr

20 Oct 2008, 1:47

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