JP Morgan Chase paie toujours la facture Enron

L'onde de choc de l'affaire Enron n'a pas fini de se faire sentir dans la finance américaine. Les résultats annoncés aujourd'hui par JP Morgan Chase, la deuxième banque des Etats-Unis, en portent lourdement la marque: la banque a en effet enregistré une perte nette de 387 millions de dollars au dernier trimestre 2002 du fait des considérables provisions liées en particulier aux procédures judiciaires dans lesquelles elle se débat depuis l'effondrement du courtier en énergie. Au quatrième trimestre 2002, la perte nette par action de JP Morgan Chase s'est établie à 20 cents, contre une perte de 18 cents un an plus tôt. Ce chiffre est très supérieur aux attentes des analyses, qui prévoyaient, en moyenne, une perte de 9 cents, selon First Call. Au dernier trimestre 2001, JP Morgan Chase avait affiché une perte nette de 332 millions de dollars, déjà due en partie à Enron et à la crise en Argentine. Ce sont bien les suites du scandale Enron et la kyrielle de procédures judiciaires liées à cette affaire et à quelques autres qui sont à l'origine des mauvais résultats de la banque. En effet, hors éléments exceptionnels, JP Morgan a affiché un bénéfice par action de 36 cents. Mais il lui a fallu passer une provision de 1,3 milliard de dollars, dont 400 millions pour les pertes sur les financements accordés au courtier en énergie et 900 millions pour les litiges en cours. En ce qui concerne l'activité du groupe, le quatrième trimestre a été marqué par les difficultés de l'économie. La chute des opérations financières a entraîné un recul de 30% sur un an des commissions de banque d'affaires de JP Morgan Chase, à 650 millions de dollars. Le poids des créances douteuses s'est accru, passant de 433 à 646 millions de dollars pour les prêts commerciaux et de 649 à 832 millions de dollars pour les crédits aux particuliers. A l'inverse, une plus grande activité sur les marchés financiers a entraîné une augmentation de 23% des recettes dans ce domaine, à 1,25 milliard de dollars.Pour l'ensemble de 2002, JP Morgan Chase a vu son produit net bancaire reculer de 3% à 25,28 milliards de dollars alors que le bénéfice net s'est replié de 2% à 1,66 milliard de dollars. C'est la deuxième année de suite que la banque voit son résultat diminuer, alors que la fusion entre JP Morgan et la Chase ne remonte qu'à l'an 2000. Mais le groupe a accumulé les déconvenues, depuis les crédits aux groupes de télécommunication et de câble, jusqu'aux prêts à l'Argentine - sans oublier Enron, bien entendu.Les mauvais résultats de 2002 ont au moins un avantage: celui de fournir une base de comparaison favorable pour 2003, année pour laquelle Marc Shapiro, vice-président du groupe, voit "un potentiel considérable de croissance des résultats". Au point que la banque ne compte pas licencier davantage, a-t-il précisé... si bien sûr les conditions de marché ne se dégradent pas. A Wall Street, mercredi en fin de matinée, l'action perd 2,16%, à 24,87 dollars.Fort redressement des résultats de Merrill Lynch La banque d'affaires Merrill Lynch a enregistré un bénéfice net de 603 millions de dollars au dernier trimestre 2002, contre une perte de 1,26 milliard de dollars un an plus tôt. Le bénéfice par action hors éléments exceptionnels est ressorti à 64 cents contre 51 cents un an plus tôt. Affecté par les remous sur les marchés financiers, le chiffre d'affaires a reculé de 11,5% sur le trimestre et de 15% pour l'ensemble de 2002. Pour l'exercice écoulé, le bénéfice net s'est établi à 2,6 milliards de dollars, contre 573 millions en 2001. Un redressement imputable essentiellement aux réductions de coûts pratiquées énergiquement par Merrill, qui, en deux ans, a supprimé 30% de ses emplois. Mais le groupe a prévenu que si les conditions du marché restaient dans leur état actuel en 2003, il lui sera difficile de faire aussi bien qu'en 2002 en termes de chiffre d'affaires.
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