Avantage à Edgar Bronfman pour la reprise de Warner Music

L'imminence de la vente des activités musicales de Time Warner se confirme, et Edgar Bronfman Jr fait désormais clairement figure de favori: c'est ce qui ressort du conseil d'administration tenu hier soir par le groupe américain Time Warner. Celui-ci a en effet décidé d'ouvrir des discussions intensives avec le consortium mené par M. Bronfman. EMI, l'autre candidat à la reprise de Warner Music, voit ainsi ses chances diminuer sérieusement.Si le conseil d'administration d'hier n'a donc pas pris de décision définitive sur l'avenir de la division musicale du géant américain des médias, il n'en a pas moins franchi un pas important en s'orientant vers la solution Bronfman. Les administrateurs de Time Warner avaient deux propositions sur la table pour Warner Music dont ils ont décidé de se désengager, d'une part parce que le secteur traverse une crise redoutable, marquée par la chute des ventes et la montée du piratage, et d'autre part parce que Time Warner, qui peine à se remettre des excès de la bulle et de sa désastreuse fusion avec AOL, a besoin de se désendetter.Première proposition: la maison de disque britannique EMI offre environ 1 milliard de dollars en cash pour la reprise de Warner Music, mais en excluant la partie édition, Warner Chapell. Dans ce schéma, Time Warner recevrait en plus 25% de l'entité fusionnée et pourrait revendre Warner Chapell. Un "package" qui peut être valorisé grosso modo, selons les observateurs, à environ 2,8 milliards de dollars en tout.Deuxième proposition: le tour de table monté par Edgar Bronfman Jr., ex-patron de Seagram, appuyé du milliardaire Haim Saban et de la société d'investissements Thomas H. Lee. Là, c'est d'une reprise complète de Warner Music qu'il s'agit, pour un prix d'environ 2,5 milliards de dollars.Même si le montant offert serait ainsi a priori inférieur à celui d'EMI, c'est bien vers cette deuxième solution que s'oriente le groupe américain. Selon des informations recueillies par l'AFP, le PDG de Time Warner, Dick Parsons, a en effet "recommandé d'étudier l'offre faite par Edgar Bronfman Jr". Les discussions sur ce projet devraient être menées à un rythme accéléré dans les tous prochains jours et pourraient déboucher d'ici la fin du week-end. A défaut d'accord rapide, Time Warner n'exclut nullement, en revanche, de reprendre des discussions avec EMI.Plusieurs raisons expliquent, semble-t-il, l'avantage pris par Edgar Bronfman. D'abord, ce vieux routier de l'industrie musicale, qui avait vendu en 2000 à Vivendi Universal la compagnie Universal Music, première maison de disques du monde, propose de reprendre la totalité de Warner Music. Ce qui aurait le mérite de la simplicité pour Time Warner. Même s'il semble possible que l'homme d'affaires canadien propose au groupe américain de conserver une participation dans le capital de la maison de disques, s'il le souhaite.Ensuite, cette offre présente un avantage considérable: celui de ne pas comporter de risque vis-à-vis des autorités de la concurrence. L'industrie mondiale de la musique comprend en effet à l'heure actuelle cinq majors. Mais Sony et Bertelsmann ont annoncé au début du mois leur intention de fusionner, de façon à créer le numéro deux du secteur derrière Universal Music, ce qui ramènera le nombre des grands intervenants à quatre. Dès lors, envisager une autre fusion entre deux majors reviendrait à faire passer les gros acteurs à trois, ce qui risquerait fort d'être refusé par les autorités de la concurrence.Pour EMI, la perspective d'une telle décision par Time Warner est un coup dur. Dès jeudi soir, le groupe britannique a publié un communiqué annonçant que "Time Warner nous a informé ce soir qu'ils envisagent maintenant une possible proposition d'une autre partie comme alternative à notre offre ferme". Mercredi dernier, encore, EMI indiquait que les discussions avec Time Warner concernant le rachat de Warner Music "progressaient bien et (étaient parvenues) à un stade avancé"...La décision de Warner Music déçoit les investisseurs en ce qui concerne EMI. A Londres, le titre de la maison de disque chute de 3,54% à 163,50 pence en fin de journée, après avoir perdu plus de 11% dans la matinée.
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